Sénégal : polémique autour de l’interview du président Macky Sall dans le journal français Le Monde
(Agence Ecofin) - « Journalistes du Sénégal, indignez-vous ! » « Monsieur le président, votre attitude d’indifférence à l’endroit des journalistes sénégalais est écœurante. Vos conseillers avides de vendre votre image sur la scène internationale vous fabriquent de la fausse prophétie. » Ainsi commentait le journal sénégalais L’Observateur au lendemain de la publication de l’interview du président de la République, Macky Sall, paru le 6 mai 2014 dans les pages du quotidien français Le Monde.
Du coup, la polémique a enflé au Sénégal, à la fois sur l’opportunité de la sortie du chef de l’Etat et, surtout, la nécessité pour lui de s’exprimer dans un média étranger au détriment de la presse locale. La réponse est venue du responsable de la communication de la présidence de la République. Sur les ondes de la radio Rfm à Dakar, Souleymane Jules Diop a dit : « Il faut comprendre nos préoccupations et nos motivations. La préoccupation concerne le Plan Sénégal émergent (PSE). Il ne faut pas oublier que c’est à l’extérieur, avec nos partenaires étrangers extérieurs que nous essayons de vendre le PSE. Et ici l’audience ciblée, c’est une audience étrangère, avec les hommes d’affaires étrangers. C’est à ce titre que nous nous sommes adressés au journal Le Monde. »
Souleymane Jules Diop a ajouté que la sortie de Macky Sall est également une réponse à l’ex-président, Abdoulaye Wade, qui venait lui aussi de s’adresser au journal Le Monde. Il fallait donc utiliser le même canal pour espérer le même effet. « Il y a une préoccupation de rétablir un certain nombre de choses, de vérité, là même où un certain nombre de contrevérités avaient été énoncées », a dit Souleymane Jules Diop. Il a assuré que la présidencea décidé de s’adresser à la presse sénégalaise deux fois tous les six mois.
La surprise est plutôt venue de Madiambal Diagne, directeur général du groupe Avenir Communication, éditeur du journal Le Quotidien. « Contrairement à mes confrères, je ne déplore pas l'acte du président de la République. Je considère que c'est un bon choix dans la mesure où quelqu'un déroule son plan de communication et définit le support à utiliser pour atteindre sa cible », a déclaré Madiambal Diagne sur les ondes de la Rfm. Pour lui, les journalistes sénégalais ont été oubliés à cause des lacunes qu’ils ont souvent présentées dans le traitement de l’information.
Dans l’interview avec Le Monde, le président Macky Sall est revenu sur les ennuis judiciaires de Karim Wade et le retour au Sénégal d’Abdoulaye Wade. « En faire une question personnelle ne me paraît pas pertinent », a-t-il dit, avant d’affirmer son engagement pour « une politique de transparence et de bonne gouvernance ». Le chef de l’Etat du Sénégal a rejeté toute idée d’un « accord politique » entre l’Etat et Karim Wade. « Pensez-vous qu'en démocratie, la justice puisse négocier des accords politiques ? Le Sénégal est une démocratie qui se respecte », s’est indigné Macky Sall.
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