(Agence Ecofin) - En Afrique du Sud, la limitation de la taille des exploitations agricoles est toujours d’actualité. Selon Gugile Nkwinti (photo), ministre du développement rural et de la réforme agraire, le gouvernement prévoit d’établir une grille allant de 1000 hectares au maximum pour les petites exploitations à 12 000 hectares au maximum pour les exploitations commerciales.
La manœuvre, qui vise à assurer une meilleure répartition de la propriété foncière dans un pays où la majorité des terres est détenue par la population blanche, se heurte à des résistances. Si l’African National Congress (ANC) explique le caractère urgent de la mesure par la nécessité de rétablir un équilibre en faveur de la population noire, majoritairement rurale et privée d’accès à la propriété foncière, beaucoup d’analystes estiment que cette réforme est sous-tendue par l’imminence des élections du mois d’août, un rendez-vous qui pourrait se révéler compliqué pour l’ANC du président Jacob Zuma.
Si ce dernier veut surfer sur une vague populiste afin d’assurer le triomphe de son parti, l’exemple zimbabwéen d’une réforme foncière mal menée ayant abouti à un désastre soulève des inquiétudes. Même si le gouvernement s’est engagé à indemniser les propriétaires expropriés, le flou entourant le mécanisme par lequel se fera cette opération continue de susciter une levée des boucliers. Suffisant pour arrêter l’exécutif dans son projet?
Alors que 20 ans après la fin de l’apartheid seulement 8 à 10% de toutes les terres du pays sont tombées entre les mains des populations noires (contre un objectif initial de 30% sur le long terme), il est désormais clair que jamais la question foncière n’aura autant divisé au sein de la nation arc-en-ciel.
Aaron Akinocho
Meknès, Maroc.