(Agence Ecofin) - Moody's a qualifié de négatif, les interventions de la Banque Centrale ougandaise en vue de soutenir la monnaie locale de ce pays qui jouit actuellement d'une note B1 avec perspectives stables. L’agence de notation internationale basée aux Etats-Unis, soutient que l'intervention de la Bank of Uganda, « réduit les réserves disponibles pour payer la dette en devises et reflète des difficultés à financer l'important déficit du compte courant de ce pays ».
Sur un plan technique, des données officielles estiment à 5,1% la dépréciation du shilling ougandais sur le dollar américain, depuis le début de l'année. Une grande partie de cette situation a été alimentée par la hausse du dollar combinée à une demande accrue du billet vert, par les entreprises étrangères, anticipant sur la perspective de rapatrier bientôt les bénéfices.
Selon des médias ougandais, la Banque centrale a, depuis le début de l'année 2015, vendu jusqu'à 226,32 millions $, ceci pour éviter la volatilité sur le shilling et stabiliser les prix sur son marché intérieur. Or l'analyse de Moody's explique clairement que cette décision présente l’inconvénient d'affaiblir la position extérieure du pays qui désormais ne sera plus dans la complète capacité d'honorer ses engagements internationaux.
Dans le même ordre d'idée, une autre conséquence de cette situation sera de réduire le temps d'importation, entrainant le pays dont le secteur des services dépend fortement des achats extérieurs, dans une vague de hausse des prix en interne. C'est finalement un gros dilemme pour l'économie de ce pays, comme de celle de beaucoup de pays d'Afrique au sud du Sahara.
Les croissances y sont tirées par des revenus issus des matières premières et autres produits de base, et dans une situation de baisse des prix sur le marché international, comme c'est le cas actuellement, les revenus en devise reculent et de facto, l'économie réelle, qui doit prendre plus de temps pour s'ajuster, se retrouve face au difficile choix de stabiliser la monnaie immédiatement ou à terme.
Mais la problématique reste la même, ces pays doivent donner plus d'incitations aux systèmes productifs locaux et permettre ainsi une réduction de la dépendance vis-à-vis des produits extérieurs. L'incertitude est encore plus forte, lorsqu'on constate que le volume d'argent utilisé pour procéder à cette stabilité monétaire reste incertain.
Idriss Linge
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