(Agence Ecofin) - Alors qu'on s'achemine déjà vers la fin de l'année, il semble se dessiner clairement à l'horizon, que 2015 ne connaîtra pas un nouveau record d’émissions internationales de titres d'obligataires en Afrique subsaharienne. Au 30 septembre 2015, le volume de ces eurobonds était de seulement 10,5 milliards $ contre près de 14,5 milliards $ à la même période en 2014
Une situation qui dément les perspectives qu'étaient celles du groupe financier sud-africain Standard Bank, dont la division recherche, dans une note aux investisseurs publiée en novembre 2014, prédisait que l'appétit des investisseurs pour ces produits financiers, devait se poursuivre avec plus d'intérêt cette année 2015. « Les Etats et les entreprises d’Afrique subsaharienne vont continuer à émettre de plus en plus des eurobonds au cours de l’année prochaine vu que les investisseurs internationaux sont très intéressés par ces actifs à rendement élevé dans un contexte global de faible taux d’intérêts, et de craintes relatives à un ralentissement économique mondial qui pourrait entraîner une volatilité des marchés boursiers », expliquait la banque
De fait, plusieurs choses sont passées par là. Le prix des matières premières a continué de baisser, affectant les réserves de change et le cours des devises dans plusieurs pays africains, face à un dollar qui aura été en hausse et incertain tout au long de ces neufs premiers mois de l'année et dont le sort reste peu prévisible. Dans le même temps la Chine, principale économie et moteur des pays émergents, a connu sa dose de défis économiques, ajoutant un vent de panique chez certains investisseurs, qui ne trouvent plus si attractives les obligations internationales émises par ces économies.
Ce recul des eurobonds provenant des pays d'Afrique subsaharienne n'est pas seulement le fait d'un désistement des investisseurs. Au contraire, certains d'entre eux, face au blocage des opportunités sur les marchés occidentaux et asiatiques, se tournent encore vers l'Afrique qui reste la seule région offrant des rendements intéressants. Le FMI et d'autres organisations sont montées au créneau pour rappeler le risque de surendettement que courent les pays africains.
Les récents faits n'ont pas démenti les positions pessimistes. Malgré une garantie partielle du groupe de la Banque mondiale, le Ghana a obtenu un taux de 10,75% sur son eurobond, pour une maturité de 15 ans. L'Angola a dû reporter sine die son eurobond de 1,5 milliard $, pour se tourner vers son marché intérieur, en raison de conditions difficiles à soutenir pour son économie.
Un pays encore en lice reste le Cameroun, dont le président a marqué son accord pour la signature d'un accord de garantie partielle avec la Banque africaine de développement. Pourtant doté d'une monnaie stable et d'une économie en expansion, sa crédibilité ne bénéficie que des notes B/B- de la part de Standard and Poors. L'agence de notation américaine estime en effet, que la capacité de refinancement de sa dette reste fragile et que l'incertitude sur la transition politique n'arrange pas les choses.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.