(Agence Ecofin) - Trois ministres se sont finalement succédé à la tête du ministère sud-africain des Finances en moins d’une semaine. Le président Jacob Zuma a limogé, le 13 décembre, son tout nouveau ministre des Finances, quatre jours seulement après sa nomination, et refait appel à un ministre très respecté qui avait déjà occupé ce portefeuille très sensible.
Pravin Gordhan (photo), qui fut un ministre respecté des Finances pendant cinq ans jusqu'à 2014, a été renommé pour remplacer David van Rooyen, un parlementaire peu connu du congrès national africain (ANC, le parti au pouvoir).
M. Zuma a été contraint à revoir sa copie après qu’une volée de bois vert qui s’est abattue sur lui depuis l’annonce mercredi 9 décembre au soir, du limogeage surprenant et inexpliqué du ministre des Finances Nhlanhla Nene, pourtant jugé compétent. «J'ai reçu de nombreuses recommandations pour que je revoie ma décision. En tant que gouvernement démocratique, nous soulignons l'importance d'écouter le peuple et de répondre à ses vues», a déclaré le président Zuma.
L’opposition et les médias avaient estimé que le respecté Nhlanhla Nene a été remercié en raison de ses critiques envers le chef de l’Etat. Il y a quelques jours, M. Nene s’était opposé à la renégociation d'un contrat entre la compagnie aérienne para-publique South African Airways (SAA) et Airbus, jugeant que la transaction n'était pas viable financièrement. La renégociation de ce contrat était un projet porté par Dudu Myeni, la présidente du conseil d'administration de SAA qui est une amie très proche de Jacob Zuma.
Le limogeage de Nhlanhla Nene, qui était le premier Sud-Africain noir à occuper le poste de ministre des Finances en Afrique du Sud, avait affolé les marchés. Le rand sud-africain a atteint le vendredi 11 décembre ses plus bas niveaux historiques, à 1 dollar contre 16,05 rands et 1 euro contre 17,58 rands, alors que le Johannesburg Stock Echange a perdu 10,68 milliards de dollars en deux jours (les 10 et 11 décembre) dans le sillage de la fièvre vendeuse qui s’est emparée de la place.
C’est la deuxième fois que le président Jacob Zuma cède face aux pressions de l’opinion publique. Fin octobre, le gouvernement avait renoncé à une augmentation des frais d'inscription à l'université, suite au mouvement étudiant « FeesMustFall ». Cette fois, le président a été contraint de reculer face à la colère d’une opinion publique qui s’inquiète pour l’économie du pays. Une marche de protestation était prévue ce mercredi 16 décembre, et une pétition intitulée «ZumaMustFall » (Zuma doit tomber) a recueilli plus de 130 000 signatures dans le pays en quelques jours.
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