(Agence Ecofin) - Jacob Zuma avait promis à ses électeurs de créer 6 millions d'emplois et de réduire le chômage. En réalité, l'Afrique du Sud d'aujourd'hui ne crée pas d’emplois au contraire, elle en détruit. Selon un récent rapport de Solidarity, le syndicat qui regroupe les travailleurs qualifiés et ceux de la catégorie des superviseurs, la fermeture annoncée de quelques 24 sites miniers, risque d'entrainer la suppression de près de 20 000 emplois. Et encore le rapport n’a pas pris en compte, les annonces de fermeture de sites d’Anglogold Ashanti et Anglo American Platinum intervenues plus récemment.
Les promesses électorales se trouvent largement hypothéquées, par les décisions managériales des géants du secteur minier. « Les entreprise doivent éviter de réduire les emplois au premier prétexte », a plaidé M. Zuma lors d’un discours le 9 août dernier.
Certains observateurs proches du pouvoir ne manquent pas de voir dans cette situation, une pression exercée par les opérateurs, en réponse à l'adoption récente d'un nouveau code minier qui, à leurs yeux, n'est pas très incitatif. A côté de cela, la baisse des cours des matières premières minérales, les revendications salariales des syndicats de travailleurs miniers et les défis que rencontre le principal fournisseur d'énergie en Afrique du Sud (Eskom), n'ont pas arrangé les choses.
Le secteur minier sud-africain emploi près de 440 000 personnes et constitue plus de la moitié des exportations du pays. Les mots sont soigneusement choisis, mais en arrière-plan certains dirigeants de l’ANC gardent à l’esprit que les groupes miniers se sont développés dans une Afrique du Sud où l’apartheid leur offrait la possibilité d’accéder à une main d’œuvre noire bon marché. Au premier défi, ils appliquent la solution du licenciement. Gwende Mantashe le secrétaire général de l’ANC n’avait pas manqué le mois dernier de taxer les opérateurs miniers de « paresseux », leur reprochant leurs choix rapides pour l’option de réduction des emplois.
Le président Zuma lui a choisi la carte du rassemblement. « Un nombre alarmant de sociétés sont déficitaires et l'investissement dans l'exploration et l'extraction a diminué considérablement. Aux prix actuels, plus de 40% de l'industrie minière de platine du pays et 31% de l'industrie de l'extraction de l'or est déficitaire. Nous devons travailler ensemble pour inverser cette tendance », a-t-il fait savoir alors qu’il entretenait la presse sur « Operation Phakisa », un nouveau plan de développement du gouvernement
Sur le Johannesburg Stock Exchange, le marché financier sud-africain, le secteur des ressources qui couvre les entreprises minières a terminé le 18 août sur le rouge, avec 22 titres en baisse, contre seulement 12 en hausse. A l’exception du palladium, la plus part des matières premières suivies sur ce marché ont connu une nouvelle baisse des prix.
Idriss Linge
Accra, Ghana