(Agence Ecofin) - Au terme d'une visite éclair de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds Monétaire International, les autorités marocaines semblent avoir été définitivement convaincues de recourir à une seconde Ligne de précaution de liquidité (LPL) du FMI, un instrument que l'institution de Breton Woods présente comme un solution pertinente pour assurer la stabilité financière du pays bénéficiaire.
« Malgré que le Maroc n'ait pas eu à décaisser la LPL qu'il a décrochée, il l'a utilisée avec une grande intelligence et un grand discernement, en tant que mécanisme financier qui constitue un régime d'assurance, un signal fort vis-à-vis des investisseurs et de ceux qui refinancent la dette, et un indicateur que le pays peut s’engager sur la voie des réformes importantes et respecter ses engagements budgétaires », a expliqué Mme Lagarde alors qu'elle s'exprimait devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE)
Du côté du gouvernement marocain, il y a déjà un moment qu'on est convaincu de ce produit du FMI. «La reconduction de cette facilité constitue une assurance pour notre pays contre d’éventuels risques de dégradation accrue de l’environnement international et, ce faisant, contribuera à renforcer davantage la confiance des investisseurs et des partenaires financiers étrangers », s’était félicité Mouhamed Boussaid, le ministère de l’économie et des finances, après l'annonce de l'éligibilité du Maroc.
Rappelons que c'est en août 2012, que le FMI avait accordé au Royaume chérifien sa première Ligne de précaution de liquidité, d'un montant global de 6,2 milliards $. Si l'argent n'est pas effectivement décaissé dans ce cadre, l'éligibilité à ce produit constitue une « assurance » pour les pays bénéficiaires, qui peuvent le compléter à leurs arsenaux de garanties lorsqu'ils veulent recourir à des emprunts internationaux, ou sur les marchés financiers. Cela permet, en l’occurrence, de financer des domaines budgétaire comme les reformes structurelles.
Cependant certains économistes marocain, réputés être de gauche, tirent la sonnette d'alarme sur « une fiction » qui permet d'endetter inutilement le pays. « On est réellement dans la supercherie. Car de quoi s’agit-il ? Premièrement, nous avons affaire à une ligne de crédit qui n’est pas réelle mais virtuelle, puisqu’elle est simplement mise à disposition et, tant qu’elle n’est pas effectivement utilisée, elle reste une possibilité sans plus. Deuxièmement, même si elle est seulement potentielle, cette ligne n’est pas gratuite. Le Maroc supporte depuis deux ans le coût d’une ligne de crédit sur laquelle il n’a pas encore tiré un seul dollar. Troisièmement enfin, il faut savoir que le dispositif de conditionnalité est désormais à deux étages, car la mise à disposition de la LPL ne signifie nullement que le gouvernement peut l’utiliser quand il veut et comme il veut. Le jour où il aura besoin de l’utiliser, le FMI exigera évidemment une autre batterie de conditions pour autoriser le déblocage des fonds, et c’est cela le deuxième étage », a expliqué l'économiste Najib Akesbi.
M. Akesbi déplore aussi une politique de deux poids deux mesure du FMI, qui félicite le Maroc pour ses performances économique, alors que, pour les ménages, le moral est au plus bas. Il relève aussi qu'à force de trop s'accrocher à ces facilités du FMI, le gouvernement marocain s'expose, non seulement aux risques de surendettement, mais aussi à celui de se voir imposé de mettre en œuvre des mesures impopulaires, au risque de perdre les bénéfices de la LPL.
Christine Lagarde a effectué une visite d'un jour au Maroc, où elle a été reçu par le Roi Mohammed 6, mais aussi par l'ensemble des acteurs la classe économique. « Le Maroc dispose d’un potentiel considérable, mais il doit surmonter un certain nombre d’obstacles pour accélérer sa croissance et en faire mieux en partager ses bienfaits. J’ai encouragé les autorités à poursuivre des réformes budgétaires difficiles et à mettre en œuvre un programme de réformes structurelles visant à rehausser la compétitivité, à améliorer le climat des affaires et à créer davantage d’emplois. Il reste essentiel de s’employer à dégager un consensus sur les réformes les plus importantes, par exemple celles des subventions ou des retraites », a-t-elle déclaré
Idriss Linge
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