(Agence Ecofin) - Selon un document publié par la Caisse Autonome d’Amortissement, la dette à court terme du Cameroun représentait au 31 mai 2017, 7,6% du stock des réserves de change de la Banque des Etats d’Afrique Centrale, la banque centrale commune aux pays membres de la CEMAC. « Cela constitue un risque relativement élevé dans la mesure où les dites réserves pourraient être insuffisantes, en cas de baisse des recettes d’exportations en devises, pour couvrir les importations et autres opérations financières du Cameroun à l’étranger et régler le service de la dette », a fait savoir l’institution, dans son analyse de viabilité de la dette à court terme.
Cette position semble trouver une justification dans la conjoncture actuelle de la sous-région. Même si le Cameroun est un modeste producteur, le pétrole constitue encore 47% des revenus en devises du pays et il est complété par le cacao. Or la situation de ces deux matières premières sur leurs marchés respectifs et l’évolution à la baisse de leurs contributions au PIB, laissent planer un certain nombre d’inquiétudes.
Au-delà de la hausse constatée au cours du premier trimestre de 2017, les prix de l’or noir ont replongé fin mai-début juin, atteignant leur niveau le plus bas depuis novembre 2016. Globalement, depuis le début de l’année en cours, le prix du baril de pétrole a perdu 20,18% et les analystes sont assez pessimistes sur des perspectives d’embellie.
Les mesures prises par l’OPEP pour réduire la production et faire repartir les prix, n’ont pas porté leurs fruits. Le cartel a permis au Nigéria et à la Libye, deux de ses membres, de continuer de produire, en réponse aux vents contraires qui ont frappé leurs économies. Par conséquent, les stocks affichent un supplément de production de 292 millions de barils au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.
Dans le même temps, il est estimé que les pays non membres de l’OPEP continueront d’augmenter leurs production, largement au-dessus de la demande.
Dans ce contexte, les analystes estiment que les prix qui ont déjà chuté de 20,18% depuis le début de l’année, resteront, pour un certain temps, dans la fourchette des 35 $ et 30 $. En deçà des hypothèses budgétaires de 43 $, pris en compte lors de l'élaboration de la loi de finance 2017.
L’autre matière première en difficulté est le cacao. La matière première de base pour la production du chocolat connaît sa petite période de crise. Malgré les assurances du ministre du commerce, les exportations nettes sur ce produit, gros consommateur en intrants importés, risquent de se rétrécir. Des analyses concordantes, indiquent que les prix ne remonteront plus à leur niveau des trois dernières années avant 2019.
L’autre alternative du Cameroun est de réduire les importations. Une tendance déjà amorcée en 2016, et qui devrait se poursuivre en 2017, selon des données du FMI.
Dans un tel contexte, le programme économique en cours de discussion avec le FMI prend une place essentielle. Le premier pays de la zone à avoir obtenu une réponse est le Gabon. Il s'est vu octroyé 642 millions $ pour une période de trois ans. Le Cameroun devrait bientôt savoir ce qui lui a été réservé.
Idriss Linge
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