(Agence Ecofin) - Face à des investisseurs devant lesquels il présentait les performances de sa holding, Johann Rupert, le milliardaire sud-africain PDG de l'entreprise "Compagnie Financière Richemont" et de la holding d'investissement Remgro, a tenu des propos bien durs, à l'endroit de la gestion par le régime actuel en Afrique du Sud, des défis économiques du pays. « Le leadership de ce pays devient sérieusement difficile à défendre à l'étranger. Ceux qui dirigent le pays actuellement n'ont pas reçu l'éducation qu'il fallait. Lorsqu'on regarde dans tous les secteurs, nous avons stagné et ne récoltons aujourd'hui que des signes inquiétant », a déclaré la deuxième fortune d'Afrique avec près de 7,2 milliards $ et qui n'est pas à son premier coup de gueule contre le gouvernement.
Il a fustigé les acquis dont se défend le gouvernement, les mettant en comparaison avec les performances d'autres entreprises dans le monde. « Je discutais avec le directeur général de Shoprite et nous nous étonnions comment des distributeurs locaux (sud-africains) pouvaient parler de comparaison avec ceux d'autres pays avec seulement 2000 camions, lorsque le chinois Alibaba en possède 1 million.»
Johann Rupert a aussi fortement critiqué la politique énergétique du pays, se demandant comment un pays qui souhaite créer de la croissance peut connaître de tels problèmes en termes d'énergie. « Vous voulez compéter dans ces conditions, moi pas. », a-t-il fait savoir expliquant qu'à son avis le gouvernement qui négocie actuellement du nucléaire « ne sait même pas de quoi il s’agit réellement ».
L'avis du milliardaire intervient alors que l'Afrique du Sud fait face à une situation de blocage économique. Le pays ne possède pas une épargne des ménages suffisante pour soutenir des investissements de longue durée au sein de son économie. Les années de croissance, qui ont précédé les difficultés d'aujourd'hui, cachaient, comme c'est souvent le cas en Afrique, un déficit de la balance courante, en raison du rapatriement des capitaux pour rémunérer les investissements direct étrangers.
Avec la chute des prix des matières premières, principales sources des devises du pays, le déficit d'énergie et l'inflation importée qui plombe le pouvoir d'achat des ménages, le pays peine à sortir de ses difficultés. Mais au contraire de Johann Rupert, certains experts, notamment ceux de la société de gestion d'actifs Sanlam, estiment que la catastrophe n'est pas pour demain.
« Des bonnes nouvelles subsistent, le gouvernement reconnait le problème et a décidé de réduire ses dépenses, afin de limiter la pression du déficit budgétaire, et aussi, le rand sud-africain, qui est plus faible, rend les produits sud-africains plus compétitifs sur le marché mondial ». Enfin estime la firme d'investissement, « l'Afrique du Sud peut recevoir le soutien de ses banques et d'un marché financier encore dynamique ».
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »