(Agence Ecofin) - Madagascar jouit d’un ancrage historique dans l’industrie de la vanille. En dépit des différents défis inhérents à la filière, la Grande Ile continue de faire la pluie et le beau temps malgré l’émergence de nouvelles sources d’approvisionnement.
Sur le marché mondial de la vanille, l’Ouganda gagne progressivement de l’importance, mais le marché pourrait encore plébisciter l’origine malgache pendant longtemps. C’est ce qu’estime le négociant américain Aust & Hachmann Canada dans une note publiée en mai dernier.
Alors que la filière ougandaise a fait face à d’importants défis sur la dernière décennie, la qualité des gousses s’est considérablement renforcée sur les trois dernières années. En effet, explique le négociant, le grade d’extraction supérieur de la vanille en provenance du pays est-africain surclasse déjà des équivalents de Madagascar aussi bien au niveau du taux de vanilline que du profil aromatique.
Cet avantage au niveau de la qualité positionne bien l’Ouganda dans l’industrie et lui offre l’opportunité de jouer un rôle prépondérant dans le futur sur le marché. À terme, Aust & Hachmann Canada estime que le pays pourrait produire 500 tonnes de gousses de vanille contre un stock de 300 tonnes prévu cette année. Un tel niveau devrait lui permettre de renforcer sa présence en contrôlant 20 % de l’offre mondiale.
Cependant, si l’Ouganda est le pays le plus à même de produire la vanille la plus similaire à celle de Madagascar du point de vue botanique, le négociant américain estime que les acheteurs ne croient pas encore complètement dans le pays d’Afrique de l’Est.
Depuis le début de 2022, l’engouement des acheteurs peine encore à se dessiner alors même que la gousse ougandaise est moins chère comparativement à Madagascar où le prix minimum a été fixé à 250 $ par kg, par le Conseil national de la vanille (CNV).
« Tout acheteur de vanille expérimenté sait parfaitement que la seule façon de mettre fin à la domination de Madagascar sur le commerce mondial de la vanille est de créer un équilibre concurrentiel entre Madagascar et d’autres régions productrices de vanille. Malheureusement, l’industrie des arômes, pour la plupart, continue de soutenir de manière quelque peu incompréhensible la vanille de Madagascar, quelle que soit la situation, ce qui permet à Madagascar de dominer le commerce mondial de la vanille », explique Aust & Hachmann. Un tel contexte pèse sur la filière ougandaise qui doit gérer un surplus croissant qui affectera les prix mondiaux.
« Nous pensons que si les prix de la vanille baissent aux niveaux observés entre 2006 et 2011, les cultivateurs de vanille ougandais abandonneront leurs plantations et la production chutera de manière spectaculaire. La même chose peut être dite de la production de vanille en Tanzanie voisine, qui en est à ses débuts. Si ces deux résultats se produisent, cela ne fera qu’assurer la domination de Madagascar pendant de nombreuses années à venir », conclut le négociant.
Espoir Olodo
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