(Agence Ecofin) - Le forum global récemment organisé par la multinationale Creditinfo à Marrakech au Maroc, a mis en évidence la demande croissante, des sociétés non-financière pour des outils de limitation de risque de crédit.
Le responsable d'une société ivoirienne fournissant du matériel de BTP s’en est expliqué à l'Agence Ecofin : « Nous ne sommes pas une banque mais une entreprise qui fournit des matériaux necessaires pour les bâtiments et travaux publics. Dans notre processus de vente, que ce soit en Côte d'Ivoire ou au Cameroun, il nous arrive de fournir du matériel à crédit à nos clients. Dans cette logique, disposer des outils qui nous permettent de faire un bon profilage de notre clientèle devient plus que nécessaire », a-t-il confié.
Cette tendance a été confirmée par une responsable de l'Office Chérifien des Phosphates. Selon elle, le conglomerat marocain travaille aujourd'hui à s'adapter aux contraintes de sa stratégie d’expansion, une évolution qui impose de prendre en compte les risques financiers que représentent les relations avec leurs clients. « Nous sommes très ouverts à explorer de nouvelles solutions d'identification de risque liés aux crédits. Notre groupe travaille avec un nombre important de clients, et cela semble assez intéressant de disposer de plusieurs pistes de solutions, notamment pour notre clientèle située en dehors du Maroc, et qui évolue dans des environnements différents et pas toujours connus dans leurs ensembles », a-t-elle fait savoir.
Chez CreditInfo, cette dynamique est acceptée avec beaucoup d'enthousiasme. « C'est effectivement assez interessant de voir que des sociétés non financières soit venues à cette rencontre. Même si ce n'est pas du crédit comme celui accordé par les banques, d'une certaine façon ces sociétés prennent parfois des risques avec leurs clients. A partir de là, cela peut devenir important pour elles de bien connaitre leur profil », a fait savoir Sidimohamed Abouchikhi, le directeur de CreditInfo pour l'Afrique francophone.
La question ne manque pas de pertinence dans une Afrique où les délais de paiement déjà longs (90 jours en moyenne), sont parfois débordés de plusieurs autres mois, entraînant des coûts financiers importants pour les entreprises des différentes chaines de valeur et de production. Cependant, la mise en place d'une centrale d'information sur les potentiels demandeurs de crédits (financiers ou de service), ne va pas sans poser certaines contraintes, au-delà de ses avantages.
Les avantages sont nombreux, aussi bien pour le client demandeur de crédit que pour l'entreprise qui accorde la ressource ou le fournisseur. Pour le client, être présent dans une base des données de crédit bureau facilite l’accès au crédit, du moment que son score est connu et qu’il confirme sa crédibilité. Pour les sociétés qui offrent du crédit, cela permet d'élargir l'éventail de leur clientèle et de réduire leur coût du risque.
Mais des risques demeurent cependant. L'un des plus craints est celui sur la protection des données personnelles des clients. Au delà de la simple analyse technique, les nouveaux outils de gestion du risque crédit prennent en compte des données comme les habitudes de consommation ou l'évaluation du profil psychologique du demandeur. Des informations qui ne sont pas à mettre entre toutes les mains.
Idriss Linge
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