(Agence Ecofin) - Plusieurs pays du Sahel (Algérie, Libye, Mali, Niger, Mauritanie, Tchad…) et le Nigeria sont confrontés depuis quelques mois à une recrudescence des activités du grand banditisme et d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui se sont traduits par des attentats et des enlèvements de douze Européens dont six Français (Serge Lazarevic, Philippe Verdon, Daniel Larribe, Marc Feret, Pierre Legrand, Thierry Dole).
Malgré les conséquences du changement de régime en Libye et une réévaluation à la hausse du « risque sécuritaire », aucune des grandes entreprises françaises du CAC 40 (GDF Suez, Areva, Bolloré, Total, BNP Paribas, Air France, Vinci, CFAO….) employant prés de 45000 expatriés ne veulent se dégager de cette zone qui constitue un relais de croissance et où ils réalisent de bonnes marges bénéficiaires.
Les pays de la bande sahélo saharienne qui payent un lourd tribut (insécurité alimentaire, récession économique de régions touristiques, souveraineté territoriale bafoué, intervention de troupes étrangères….) tentent de mettre en place une stratégie coordonnée incluant sécurité et développement.
D’après nos sources, l’une des préoccupations actuelles des gouvernements africains pour à la fois sécuriser les 45000 français et leur propre population semble être de mettre fin aux « démarches parallèles » des pays occidentaux pour négocier avec les preneurs d’otages.
Le ministre mauritanien de la Défense, Ahmedou Ould Idey, confirme nos informations en déclarant, dimanche 11 décembre lors de la réunion du groupe «5+5» « Je demande à tous de travailler pour le tarissement des sources du terrorisme et d'acculer les preneurs d'otages dans leurs derniers retranchements en s'abstenant de payer des rançons ».
La position de la France, selon Gérard Longuet, ministre de la Défense, est de libérer les otages. « Nous gardons, par tous moyens appropriés, le maximum de canaux d'informations et, le cas échéant, de négociations. Cela n'interdit pas de porter un jugement définitif sur les gens qui prennent des otages, mais le principe de réalité s'impose, nous souhaitons d'abord les récupérer » a-t-il déclaré.
AQMI réclame toujours 90 millions d'euros en échange des quatre employés d'Areva et de Vinci enlevés à Arlit.
Pays |
Nombre actuel d’expatriés |
Employeurs et secteur d’activité |
Recommandation sécuritaire du Ministère des Affaires Etrangères français |
Libye |
735 |
Employeurs: Bolloré, Total, BNP Paribas et GDF Suez Secteurs: énergie, banque et services |
En raison des affrontements armés et de l’instabilité dans le pays, il est instamment recommandé d’éviter tout voyage à destination de la Libye. Les zones frontalières avec l’Algérie, la Tunisie (dans sa partie sud), le Niger, le Tchad et le Soudan présentent un fort risque d’insécurité lié à la présence de bandes armées, voire de terroristes. Ces zones sont à éviter absolument. Il est recommandé aux plaisanciers d’éviter les eaux territoriales libyennes et de faire preuve de la plus grande prudence et de la plus grande vigilance. |
Nigeria |
1 660 |
Employeurs: Total, Technip, Air France, Vinci, Bolloré, Accor Secteurs: énergie, transports, services |
L’attentat commis le 26 août dernier contre les bureaux des Nations Unies à Abuja montre que le risque terroriste doit être désormais pleinement intégré aux mesures et comportements de sécurité au Nigeria dans son ensemble. Une vigilance renforcée est donc recommandée aux Français : Dans les déplacements, il convient d’éviter l’usage des transports en commun, de varier ses itinéraires autant que possible quel que soit le mode de déplacement, de surveiller ou faire surveiller son véhicule et d’être attentif aux mouvements alentour ; Les lieux publics fréquentés doivent être évités et il convient de tenir compte de certaines dates dont la portée symbolique doit inviter à la prudence. A cet égard, les dates des grandes fêtes religieuses, chrétiennes ou musulmanes et les manifestations qui les accompagnent doivent être évitées. Le 4 novembre, à la veille de la fête de l’Aïd el Kebir, plusieurs attaques terroristes ont été perpétrées dans les États de Yobe et Borno, provoquant de nombreuses victimes. |
Niger |
1 723 |
Employeurs: Areva, Sogea-Satom (Vinci), Bolloré, Air France Secteurs: Uranium, BTP, services, télécoms, transports |
Le risque terroriste représenté par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est aggravé par plusieurs facteurs dont la présence de la secte Boko Haram au nord du Nigeria à la frontière du Niger. La création d’AQMI a sensiblement renforcé la menace terroriste dans la région sahélo-saharienne. Outre les attaques contre les forces armées (Mali, Mauritanie essentiellement) et les attentats-suicide, le mode d’action privilégié de ce groupe se caractérise depuis la fin de l’année 2008 par des enlèvements et assassinats d’Occidentaux. |
Algérie |
30 993 |
Employeurs : Vinci, Bolloré, Total, Air France, Aigle Azur, Accor Secteurs: énergie, BTP, services et transports |
En raison des menaces au Sahel, il est recommandé d’éviter tout déplacement dans le grand Sud Algérien et notamment dans les régions de Djanet et de Tamanrasset. En raison de la situation en Libye, des contrôles renforcés ont été mis en place dans l’Est algérien, auxquels il convient naturellement de se soumettre. |
Mali |
5 545 |
Employeurs: Sogea-Satom (Vinci), Bolloré, Air France, Aigle Azur, Bramali (Castel), CFAO, Total, Air liquide, Fondation Mérieux, Bicim (BNP Paribas), Allianz AGF, Gras Savoye Secteurs: BTP, chimie, pharmacie, commerce, distribution, banque, transport, logistique |
Les enlèvements de deux Français à Hombori (Gourma) le 24 novembre et de trois ressortissants européens à Tombouctou (un quatrième ayant été assassiné lors de l’enlèvement) le 25 novembre, ainsi que la présence avérée d’AQMI en forêt de Wagadou, montrent que le contexte sécuritaire est particulièrement dégradé dans la zone sahélo-saharienne. La zone située au nord d’une ligne Nioro du Sahel-Mourdhia-Niono-Douentza-Koro est donc formellement déconseillée. Tous les Français qui s’y trouveraient sont invités à la quitter immédiatement et à prendre l’attache du Consulat général de Bamako (223) 44 97 58 28. Le reste du pays est déconseillé, sauf raisons impératives. Il est à ce titre fortement recommandé aux Français de passage, pour quelque raison impérative que ce soit, y compris professionnelle, de se faire connaître du Consulat général, ou de s’inscrire sur le site Ariane du ministère des Affaires étrangères et européennes et de respecter les règles édictées pour les déplacements. |
Mauritanie |
2 191 |
Employeurs: Total, Bolloré, Air France, Accor, Vivendi, Alcatel, groupe Vicat, Ciments Français, CFAO, Delmas, Société générale, BNP Paribas, Gras Savoye, GDF Suez, Schlumberger, Areva. Secteurs: énergie, pharmacie, médias, services, banque, assurance, télécoms, transports |
L’enlèvement le 16 septembre 2010 de cinq de nos compatriotes à Arlit (Niger), l’attentat contre l’ambassade de France à Bamako (Mali) le 5 janvier 2011 et la mort le 8 janvier 2011 de deux de nos compatriotes, enlevés à Niamey (Niger) le 7 janvier, témoignent du niveau particulièrement élevé de la menace terroriste au Sahel. L’accès au Mali par la route depuis la Mauritanie doit se faire par le territoire sénégalais. Il est fortement déconseillé d’emprunter les pistes et routes qui relient Ayoun El Atrous à Nioro, de même qu’il est recommandé de ne pas emprunter l’axe Kankossa-Kayes. Les autorités françaises rappellent qu’elles déconseillent formellement tout déplacement dans les zones signalées en rouge. Ces zones sont situées à l’est de la ligne reliant Choum - Chinguetti - Tidjikdja - Ayoun el-Atrouss - Bou Steile |
Tchad |
1 460 |
Employeurs: Vinci, Bolloré, Air France, Accor Secteurs: BPT, services, transports, télécoms |
De manière générale, la prudence s’impose lors de tout déplacement, même de jour, dans la capitale et sur l’ensemble du territoire tchadien. Le moindre incident de circulation, y compris en cas de responsabilité de la partie adverse, peut rapidement provoquer une attitude agressive de la population (à but essentiellement financier). L’emploi d’un chauffeur tchadien est donc vivement recommandé. A cause des risques importants liés à la circulation routière et en raison d’agressions très fréquentes (et souvent violentes) les visant, l’utilisation des deux roues (vélos, mais surtout motos ou mobylettes) est formellement déconseillée, que ce soit comme conducteur ou comme passager. En raison de l’insécurité récurrente sur les zones frontalières du pays, l’accès par voie aérienne est à privilégier. S’il doit absolument s’effectuer par voie terrestre, l’entrée sur le territoire tchadien devra, de préférence, se faire par le Cameroun. Les déplacements sont formellement déconseillés dans les zones frontalières du Tchad avec le Soudan (préfectures de Biltine et d’Ouaddai). Dans le Sud et les zones frontalières avec la République centrafricaine, sévissent régulièrement des bandes de coupeurs de route. Il est recommandé de ne pas y circuler de nuit, de ne pas transporter de trop importantes sommes d’argent avec soi et de privilégier les déplacements en convoi. |
Présence économique française dans les pays du Sahel (Sources: MAE, ministère des Finances, et direction générale du Trésor, Challenges)
Evaluation du risque Libye au 12 décembre 2012 pour les expatriés français (Source MAE)
Evaluation du risque Algérie au 12 décembre 2012 pour les expatriés français (Source MAE)
Evaluation du risque Mauritanie au 12 décembre 2012 pour les expatriés français (Source MAE)
Evaluation du risque Mali au 12 décembre 2012 pour les expatriés français (Source MAE)
Evaluation du risque Niger au 12 décembre 2012 pour les expatriés français (Source MAE)
Evaluation du risque Nigeria au 12 décembre 2012 pour les expatriés français (Source MAE)
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.