(Agence Ecofin) - L'accord trouvé par les membres de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) plus la Russie, a provoqué un petit raz de marée sur l'ensemble du système financier international. La principale conséquence aura été la montée des prix du baril de brut à son niveau le plus haut depuis les six dernières semaines.
Dans le même temps la Livre sterling a fortement progressé, après que les investisseurs aient interprété un commentaire d'un dirigeant britannique, comme une fraction dans la ligne dure des partisans du Brexit. Enfin le dollar se renforce, à mesure que Donald Trump laisse transparaitre de nouveaux signes de « pragmatisme », avec la désignation d'un ancien de Goldman Sachs et d'un milliardaire dans son équipe.
Dans un tel contexte, le prix de l'or, valeur refuge par excellence, a fortement chuté entrainant dans son sillage une baisse de 3,14% de l'indice couvrant les actions des entreprises aurifères sur le Johannesburg Stock Exchange en Afrique du sud. Plus globalement, le marché financier le plus important en Afrique est dans le rouge.
Les perspectives partagées d'un redressement des prix du pétrole, un processus plus long de sortie de la Grande Bretagne de l'Union Européenne et d'une amélioration de la visiblité aux Etats-Unis, pousse les investisseurs à repositionner leurs placements et, comme toujours, les marchés émergents ou frontières sont les premières victimes.
Pourtant, bien avant que n'interviennent l'accord de l’OPEP, certains analystes ont exprimé des réserve quant à son impact effectif sur les fondamentaux du marché mondial du pétrole. « Je ne vois toujours pas un accord avoir un impact important sur les fondamentaux mondiaux », a fait savoir Jodie Gunzberg, la responsable matières premières chez Standard & Poor’s, qui estime qu’on risque attendre encore un bout de temps pour que les choses reviennent à l’équilibre.
Chez Platts, la branche matières premières de Mcgraw Hill Financial, on rappelle que toute hausse des prix du pétrole aura tendance à entrainer de nouvelles arrivées de pétrole de schiste américain sur le marché, ce qui exercera de nouvelles pressions sur les prix. Dans ce contexte, Thomas Watters, directeur pour la notation des groupes énergétiques chez S&P, estime que le baril de pétrole restera en dessous des 50 $ d’ici 2018.
En Afrique subsaharienne, ces questions globales ne semblent pas préoccuper les opinions publiques. Pourtant, l’expérience de la crise financière de 2008 et de la crise des marchés asiatiques de 2014/2015 sont là pour rappeler que la région n’est plus si protégée des chocs extérieures.
Parmi les conséquences à surveiller, il y a la hausse du financement de la dette extérieure en raison de l’appréciation du dollars US, de l’inflation en raison de l’augmentation des coûts des importations et le départ des capitaux étrangers vers des placements jugés plus sûrs.
Idriss Linge
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »