(Agence Ecofin) - Des banques nigérianes qui sont fortement exposées par des avances consenties aux secteurs pétrole et gaz, ont obtenu que 60 à 70% de ces dettes fassent l'objet de restructuration. Les négociations ont ainsi débouché sur un report des maturités à court et à long terme, avec un coup de pouce de la Central Bank of Nigeria, explique le média nigérian Businessdaily, citant Aurelien Mali, un des vice-présidents et analyste en chef pour le Nigéria, chez Moody's Investor’s Service.
Par ailleurs, les banques sont tombées d'accord avec leurs débiteurs pour que le seuil de rentabilité marginale du prix du baril de pétrole soit fixé à 30$. Pour les analystes de Moody's, cela signifie que les cours actuels du baril (47,8$) suffisent à refinancer sereinement les emprunts existants.
Cette évolution est assez positive pour Guaranty Trust Bank et First Bank of Nigeria. 40% des crédits qu'elles ont accordé à l'économie nigériane, sont allés aux secteurs pétroliers et gaziers. Les sociétés nigérianes de ce secteur s'était engagées dans des rachats d’opérations, notamment onshore, vendues par les majors mondiaux opérant au Nigéria. Avec un baril de brut à 100$, les perspectives étaient belles et les banques nigérianes qui bénéficiaient encore des dépôts de la compagnie nationale pétrolière, étaient fières de participer à ce projet d'indigénisation des activités d'exploitation pétrolières et gazières.
Deux ans après, les volumes de barils de pétroles produits par les sociétés nigérianes sont passés de 50 000 barils par jours à 10% d'une production globale de près 2,2 millions de barils par jours, selon des estimations faites par la firme d'investissement nigériane Afrinvest à la fin mars 2016.
Mais depuis 2014, le rasoir est passé sur les prix du baril de brut qui peine à atteindre les 50 $. Le contexte international est en effet marqué par la difficulté pour les pays de l'OPEP à s'entendre sur une réduction des volumes qui ferait remonter les prix. Et l'arrivée de Donald Trump à la présidence américaine et dont les projections énergétiques sont susceptibles de doper l'offre mondiale, accentue la pression sur les prix.
Malgré ces défis du moment, les secteurs pétrole et gaz continuent de bénéficier du gros des avances faites par les banques nigérianes à l'économie. Après avoir reculé à 18,5% au premier trimestre, les volumes de crédits qu'ils ont absorbé ont progressé pour atteindre 24% au cours du troisième trimestre 2016. L’enjeu majeur est de pouvoir contrôler le volume des créances douteuses. Moody’s les projette à 12% sur les 18 prochains mois alors que la banque centrale du Nigéria fixe le seuil de stabilité à 4,75%.
Idriss Linge
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