(Agence Ecofin) - Le fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA) compte lancer des poursuites judiciaires contre la banque française Société Générale afin d’exiger des compensations pour les pertes enregistrées dans des placements de produits dérivés, rapporte la presse britannique le 3 février. Ces poursuites suivront de près celles engagée le 30 janvier par LIA contre Goldman Sachs devant la Haute Cour de justice de Londres.
La banque d’affaires américaine aurait poussé le fonds à conclure « 9 transactions à base de produits dérivés», qui auraient «perdu la quasi-totalité de leur valeur» à cause de la crise. Dans le même temps, Goldman Sachs avait empoché 350 millions de dollars…
«La Société générale serait la prochaine sur la liste» des accusés, rapportait The Independant, le 3 février. Le LIA avait investi un milliard de dollars dans des produits structurés complexes adossés à des actions détenues par trois fonds de la Société Générale.
LIA reproche à la banque française de lui avoir fait croire que son cours boursier était sous-évalué et qu'il allait remonter alors que la crise avait débuté dans la zone euro. Aucun des placements ne s'est finalement révélé gagnant pour le fonds souverain libyen. Dans le cadre de cette même affaire, Société Générale et plusieurs autres banques sont par ailleurs dans le viseur de la justice américaine qui les soupçonnent d'avoir violé les lois anti-corruption du pays dans leurs opérations avec le fonds souverain libyen, rapporte de son côté le Wall Street Journal le 3 février. Le département américain de la Justice (DOJ) vient de se joindre à cette enquête qui dure depuis plusieurs mois déjà, et à laquelle participe également le gendarme boursier (SEC), ajoute le journal qui cite une source proche du dossier.
En plus de la française Société Générale, les autorités visent des opérations effectuées avec le fonds libyen par les banques américaines Goldman Sachs et JPMorgan Chase, l'helvète Crédit Suisse ainsi que les fonds Blackstone et Och-Ziff Capital Management.
Créé en 2007, LIA a pour mission de faire fructifier les revenus du pétrole qui avaient été jusque là confiés à la Banque centrale libyenne et étaient très faiblement rémunérés. Il a désormais besoin d’augmenter ses liquidités compte tenu de la situation financière délicate du pays: production pétrolière et croissance ralenties, instabilité, risque de guerre civile…Le gouverneur de la banque centrale libyenne a estimé récemment que LIA devrait avoir 250 milliards de dollars de capitaux, soit 4 fois plus qu'aujourd'hui, afin de protéger son économie contre les aléas des cours du baril.
Très mal noté en matière de transparence-gouvernance (6 sur 100), le fonds est également présent sur le continent africain. Il dispose notamment d'actifs dans les télécommunications en Côte d'Ivoire, au Niger et en Guinée, ainsi que dans les secteurs de l'hôtellerie (Ouganda), du textile ou du commerce de détail (Kenya, Ouganda).
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.