(Agence Ecofin) - Les sources autorisées contactées par Investir au Cameroun au sein de Bolloré ne confirment, ni n’infirment l’authenticité du document. Mais toujours est-il qu’une correspondance attribuée à Cyrille Bolloré, fils du milliardaire français Vincent Bolloré, est actuellement en circulation dans les médias.
Dans cette lettre datée du 12 septembre 2019, l’on peut lire dès l’entame : « Monsieur le président de la République [Paul Biya], alors que le groupe Bolloré se trouve entraîné, contre son gré, dans une surenchère de turbulences médiatiques et juridiques au Cameroun, j’ai l’honneur de porter à votre haute attention cette correspondance afin de vous rendre compte de la situation ».
Le document poursuit : « En dépit de plus de 20 ans de partenariats réussis avec l’Etat du Cameroun, plusieurs de nos sociétés locales, et notamment notre filiale portuaire DIT qui opère le terminal à conteneurs de Douala – ont fait l’objet récemment de traitements injustes ; c’est ainsi que DIT s’est vu réclamer, en l’absence de fondement juridique, 24 milliards [de FCFA] de pénalités, qu’elle s’est vu dénier le droit de mettre en application un accord signé avec le port de Douala après 6 mois de négociations, et qu’elle n’a pas été autorisée à répondre à l’appel d’offres relatif à sa propre succession ».
Afin de présenter sa défense, relève la correspondance, la filiale DIT a été contrainte de demander la protection des tribunaux nationaux et celle de la Cour d’arbitrage internationale. Toujours selon la lettre attribuée à Cyrille Bolloré, il est écrit que le groupe français a conscience que son avenir dans le pays ne peut se concevoir si certaines autorités du pays souhaitent sa mise à l’écart.
« C’est la raison pour laquelle, nous avons l’honneur de solliciter votre haut arbitrage afin que l’accord signé le 4 octobre 2017 entre le port de Douala et DIT soit mis en œuvre ; cette mise en œuvre permettrait de faciliter le lancement du port de Kribi en mettant en place une synergie entre les deux ports, de solder amiablement tous les différends opposant le PAD et DIT et enfin de relancer sereinement un appel d’offres de mise en concession du terminal à conteneurs de Douala sur une base équitable », peut-on lire. «Veuillez recevoir les souvenir très amicaux de Vincent Bolloré », conclut la lettre.
A l’analyse, il apparaît que, sauf preuve du contraire de l’authenticité de ce document, le groupe Bolloré a sollicité l’arbitrage de Paul Biya avant que le Port autonome de Douala (PAD) ne décide le 16 septembre 2019, soit quatre jours plus tôt, de désigner le Suisse Terminal Investment Limited (TIL) comme le nouvel opérateur du terminal à conteneurs du port de Douala.
TIL a ainsi remplacé DIT, filiale portuaire de Bolloré, dont le contrat a débuté en 2005 et s’achève cette fin d’année 2019. Bolloré a quand-même saisi la Justice depuis son éviction de la short-list des cinq préqualifiés pour l’exploitation du terminal à conteneurs, au terme de l’appel à manifestation d’intérêt du 12 janvier 2018. Le groupe Bolloré, qui pense avoir été injustement écarté, espère toujours obtenir l’annulation du processus de désignation du nouveau concessionnaire dudit terminal à conteneurs.
Selon l’autorité portuaire, le total de toutes les redevances de concession proposées par TIL, sur les 15 années de contrat à signer, est de 357 milliards de FCFA, contre 62 milliards de FCFA pour la concession en cours d'achèvement de DIT.
Sylvain Andzongo
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