(Agence Ecofin) - Beaucoup avaient nourri de grands espoirs à la nomination d'Olfa Hamdi à la tête de Tunisair. En mission commando, elle avait pour objectif de redresser le transporteur déficitaire et lourdement endetté. Après 6 semaines, son approche « outrancière » n’a pas convaincu.
Nommée le 4 janvier 2021, Olfa Hamdi (photo), 35 ans, n’est plus la présidente-directrice générale de Tunisair. Elle a été démise de ses fonctions par le ministre des Transports et de la Logistique le lundi 22 février. Interrogé par Radio Shems FM, Moez Chakchouk affirme que celle-ci a violé le devoir de réserve. Concrètement, il est reproché à madame Hamdi, d’avoir divulgué plusieurs fois des documents internes de l’entreprise sur le réseau social Facebook, une démarche qui va à l’encontre de la pratique administrative.
Les reproches faits à la désormais ex-PDG de la compagnie nationale tunisienne sont nombreux. En effet, sa tutelle l’accuse d’avoir récemment répété des fautes « inacceptables et irresponsables ». La dernière en date est son absence à la réunion du lundi 22 février. Une rencontre au cours de laquelle sa hiérarchie devait lui répercuter les décisions prises au sujet du sauvetage de Tunisair, lors du Conseil des ministres du vendredi 19 février.
« Elle a commis beaucoup d’erreurs [...] et ne s’est pas soumise aux autorités de tutelle », affirme le ministre.
Arrogante pour certains, fougueuse et immature pour d’autres, Olfa Hamdi s’est fait remarquer depuis son arrivée par une communication outrancière. L’experte internationale en gestion de grands projets paie également les frais de sa farouche opposition au puissant syndicat de l'Union générale tunisienne pour le travail (UGTT).
A sa nomination le mois dernier, Tunisair était sans directeur général depuis juillet 2020. On parle ici d’une compagnie budgétivore, en sureffectif et dont tous les voyants sont au rouge. L’an dernier,Tunisair a enregistré une baisse de 71% de son trafic de passagers. Le fleuron tunisien, qui dispose d’une flotte de 28 avions (la moitié étant hors service) et emploie près de 3 400 travailleurs, a vu ses revenus diminuer à moins du tiers de ceux de 2019, passant de 1,596 milliard de dinars (487 millions EUR) fin 2019 à 483,17 millions de dinars. Au 31 décembre 2020, son endettement s’élevait à 967 millions de dinars.
Romuald Ngueyap
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