(Agence Ecofin) - Dès septembre 2021, des sources diplomatiques ont annoncé l’arrivée du groupe russe Wagner au Mali, selon un accord conclu avec les militaires au pouvoir. Cependant, Bamako a toujours nié leur présence sur son sol, et parle plutôt de conseillers et instructeurs russes.
Le groupe paramilitaire russe Wagner est bien présent au Mali. L’information a été confirmée par Sergueï Lavrov (photo), ministre russe des Affaires étrangères, dans un entretien accordé à la chaîne italienne Mediaset, le lundi 2 mai.
D’après le responsable, le groupe de mercenaires aurait signé un accord avec le gouvernement du Mali « pour la fourniture de services de sécurité ». Cependant, le responsable affirme que cette société réputée proche du Kremlin n’a aucun lien avec l’Etat russe, et serait présent dans le pays uniquement sur une « base commerciale ».
Cette déclaration vient contredire les démentis des autorités maliennes de transition qui ont toujours nié la présence du groupe Wagner sur leur territoire, préférant parler « d’instructeurs » et de « conseillers » russes. La présence de ce groupe à la réputation sulfureuse, en raison notamment de ses actions en Syrie mais aussi en Libye et en Centrafrique, avait poussé de nombreux pays européens, la France en tête, à suspendre leur coopération avec Bamako, estimant incompatible la présence de leurs armées aux côtés de mercenaires étrangers.
Les propos du chef de la diplomatie russe interviennent en pleine escalade des tensions entre la France et le Mali. Accusée il y a quelques semaines d’avoir commis des exactions dans la ville de Gossi au nord du pays, l’armée française a diffusé des vidéos de ce qu’elle affirme être des mercenaires de Wagner en train de créer de toutes pièces un charnier pour la discréditer. Suite à la diffusion de ces scènes, Bamako a accusé Paris d’espionnage, sans pour autant donner des explications sur la véracité ou non des faits.
Dans la foulée, les autorités maliennes ont annoncé lundi, la fin de leurs accords de défense avec la France, ainsi qu’avec la coalition Takuba. Une décision qui ouvre définitivement la voie à un renforcement de l’axe de coopération russo-malien qui ne cesse de se consolider à travers l’aide militaire apportée par Moscou à l’ancien Soudan français.
Maintenant que son principal partenaire a officiellement reconnu la présence du groupe Wagner sur son territoire, de nombreux observateurs se demandent si le gouvernement malien de Transition changera lui aussi de discours. Les prochaines sorties des autorités sur le sujet devraient très vite permettre d’apporter des réponses à ces interrogations.
Moutiou Adjibi Nourou
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