(Agence Ecofin) - Le mois d’avril n’est pas terminé qu’il est déjà bien sombre pour les médias et leurs professionnels. Le constat est fait par l’association Freedom for journalist (FFJ), dans un rapport publié ce 17 avril 2017. Plusieurs actes de répression sont répertoriés.
Le cas qui fait l’actualité est celui d’Israël Zito, directeur de la publication du journal « La Griffe », qui se trouve dans un état précaire après un séjour à la cellule du parquet de grande instance de Lubumbashi. Il avait été enlevé à la suite d’un article sur les manigances politiques du vice-gouverneur de la province du Haut-Katanga, Mme Bijou Mushitu Kat.
Début avril, 2 chaînes de télévision, Malaïka et Dynamique, ont été suspendues à Lubumbashi par la représentation locale du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac). La sanction a été levée par l’instance nationale qui a prescrit une enquête. En attendant, il y a eu l’enlèvement de Véronique Moleka, chef des programmes de la chaîne Dynamique Tv.
A Kinshasa, la capitale, un cameraman de l’émission télévisée « Vrai journal », a été interpellé le 3 avril et torturé par des éléments de la police nationale congolaise. Il couvrait une marche étouffée de l’opposition, qui s’est muée en journée « ville morte ». « Le cameraman s’en est tiré avec des lésions sur la poitrine du fait des coups reçus de ses bourreaux », indique le rapport.
Il est à noter que le 10 avril, le signal de la chaîne Canal Kin Télévision, média proche de l’opposition, a été mystérieusement suspendu puis rétabli quelques heures après. Le 12 avril, 3 journalistes dont un correspondant étranger, ont été molestés alors qu’ils couvraient une manifestation pacifique du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) à Goma, au Nord-Kivu. Un journaliste de Radio Okapi avait vu son matériel confisqué.
Le 15 avril, la Radio communautaire satellite, émettant à Mayi Munene, dans le Kasaï, a été ravagée par un incendie. Le directeur technique, Yves Beya, a déclaré que le feu a été mis par des miliciens opérant sous le contrôle de Kamwina Nsapu.
D’autres faits datant d’avant avril 2017 sont notés. Le 26 mars, un groupe d’hommes non identifiés avait attaqué la Radio-télévision Kamonia, station communautaire émettant à Kamonia, dans la province du Kasaï. Des menaces de mort ont ensuite été proférées contre le journaliste Farly Kalombo Wetungani qui vit depuis lors dans la clandestinité.
La chaîne de télévision La Voix du Katanga est fermée depuis le 11 mars. Elle appartient à Gabriel Kyungu, président de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), membre du G7, une coalition de l’opposition. La Radio Owoto est fermée depuis le 17 septembre 2015. Elle appartient à un autre membre du G7, notamment Christophe Lutundula.
Le mois de janvier 2016 avait été marqué par la fermeture des chaînes de télévision Mapendo et Nyota, appartenant à Moïse Katumbi, passé dans l’opposition. Tout comme la chaîne Jua Lubumbashi Télévision, appartenant à Jean-Claude Muyambo, avait été fermée.
Le seul point positif dans ce tableau noir est la réouverture de quelques médias appartenant à l’opposition. Il s’agit notamment de Canal Kin Télévision, Canal Congo Télévision, Canal Futur Télévision, Radio Liberté Beni et Radio Lisanga Télévision.
L’association FFJ aboutit à cette conclusion : « L’excès de zèle de certains gouvernementaux contre les médias et les journalistes démontre que la Rd Congo n’a pas encore intériorisé la liberté qui est reconnue à la presse d’accompagner le pays sur la voie de la démocratie».
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