(Agence Ecofin) - Des excuses du président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac). Au Bénin, Adam Boni Tessi (photo) a publiquement regretté le communiqué qu’il a signé le 29 octobre 2014. Le texte interdisait les médias béninois, menaces à l’appui, de diffuser ou publier les déclarations faites par des membres du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi).
La presse était ainsi interdite de parler des blocages observés dans le processus de correction des listes d’électeurs en vue des prochaines élections, dont la présidentielle de 2016. En effet, les différents acteurs chargés du processus ont laissé éclater au grand jour leurs dissensions et contradictions. Au Benin, l’actualité est désormais rythmée par des déclarations, des démentis, des attaques et des contre-attaques. Les membres du gouvernement et les membres du Cos-Lépi se tirent dessus mutuellement par communiqués et déclarations interposés. Des actes que la presse relaie naturellement. Il y a même eu cette sortie à la télévision nationale du président de la République, Boni Yayi, qui a dénoncé le coût élevé des élections.
Les médias ont jusqu’ici rendu compte de qui est considéré comme la principale actualité du pays. Puis il y a eu le communiqué produit de manière unilatérale par le président de la Haac, sans l’avis des autres membres de cette instance de régulation. Dans son texte, Adam Boni Tessi expliquait que « les contradictions et les dissensions étalées au grand jour » plongent les populations béninoises dans « le désespoir et la psychose ». Le président de la Haac a alors estimé que les médias ne contribuaient pas à préserver la paix et à « créer les conditions propices à la recherche concertée d’une solution, dans la sérénité requise, aux problèmes que connaît le Cos-Lépi afin de doter le Benin d’une bonne liste électorale dans les meilleurs délais possibles ».
Le communiqué du président de la Haac a été très critiqué par les hommes des médias qui se sont sentis accusés d’être les responsables de la crise en cours dans le processus démocratique béninois. En retour, ils ont dénoncé la volonté d’Adam Boni Tessi de tuer la liberté de la presse.
Finalement, il y a eu la rencontre du 3 novembre 2014 qui a réuni autour de la table les membres de la Haac et les associations professionnelles de la presse béninoise, notamment le Conseil national de la presse et de l’audiovisuelle du Bénin (Cnpa) et l’Union des professionnels des medias du Bénin (Upmb).
Sans détour, Adam Boni Tessi a présenté ses excuses : « Je n'ai pas réfléchi. Il n'y avait aucune intention derrière (le communiqué, Ndlr) (…) Je ne voyais pas les conséquences. Je peux dire que je suis désolé que les gens aient eu cette compréhension de ce communiqué. On s'était donné 48 heures pour régler le problème. Les gens s'entrechoquent et ça distrait le peuple et j'avais reçu des instructions d'arrêter ça. Je vais présenter mes excuses à tous ceux que ça a gênés. La solution qui était recherchée était qu'on arrête de se tirer entre les pattes et ce n'était pas les médias qui étaient visés mais les acteurs eux-mêmes. »
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