(Agence Ecofin) - Considéré comme un « game changer » pour l’économie de l’Érythrée, le projet de potasse Colluli est sur le point de passer sous pavillon chinois. L’australien Danakali cèdera sa participation de 50 % à Sichuan Road and Bridge Group d’ici juin.
En Érythrée, l’australien Danakali a annoncé le jeudi 12 janvier un accord contraignant en vue de céder sa participation de 50 % dans le projet de potasse Colluli. L’acheteur chinois Sichuan Road and Bridge Group versera 166 millions $ en contrepartie, dont 45 millions $ au titre de diverses taxes en faveur du gouvernement.
Annoncée en octobre dernier, cette vente est désormais soumise à l’approbation des autorités chinoises et celle des actionnaires de la compagnie, en plus de l’accord des autorités d’Asmara. Il faut noter que le gouvernement détient les 50 % restants dans le projet Colluli, à travers la société Eritrea’s National Mining Corporation (ENAMCO). La conclusion de la transaction devrait intervenir au cours du deuxième trimestre 2023.
Notons que Danakali n’a fourni jusque-là aucun détail sur les raisons qui ont motivé son départ d’Érythrée, alors que la compagnie a passé les dernières années à avancer activement dans la construction d’une mine. Elle avait d’ailleurs conclu un accord de financement de 200 millions avec Africa Finance Corporation et Afreximbank pour le développement du projet et commencé les premiers travaux sur le site.
Pour rappel, Colluli peut représenter environ 50 % des exportations de l’Érythrée d’ici 2030, pour une valeur totale de 537 millions $, expliquait à l’Agence Ecofin le DG de Danakali en 2019. Le projet disposerait en effet de 1,1 milliard de tonnes de réserves convertibles en 200 années de production.
Un renforcement de la présence chinoise
La vente du projet Colluli à Sichuan Road and Bridge Group peut s’analyser sous l’angle du renforcement des relations entre la Chine et le gouvernement érythréen. Dirigée depuis l’indépendance en 1993 par le régime dictatorial du président Isaias Afwerki, l’Érythrée est boudée par la communauté internationale, et subit davantage de sanctions des États-Unis et de l’Union européenne contre ses dirigeants, depuis le début de la guerre au Tigré chez son voisin éthiopien.
Cette situation de longue date n’encourage pas les investissements étrangers dans le secteur minier local, malgré les importantes ressources minérales du pays. Il s’agit d’une aubaine pour les entreprises chinoises qui ont renforcé au cours des dernières années leur empreinte en Érythrée.
Pas plus tard qu’en juin dernier, Sichuan Road and Bridge Group a conclu un accord pour exploiter une mine polymétallique (cuivre, zinc, or, argent). Une coentreprise détenue à 40 % par ENAMCO et à 60 % par la partie chinoise va ainsi piloter ce projet capable de livrer 381 000 tonnes de cuivre, 436 000 onces d’or et 11 millions d’onces d’argent sur une durée de vie de 17 ans.
Emiliano Tossou
Kenzi Rose Garden Hotel, Marrakech, Maroc