Le déficit sur le marché du platine atteint un pic de 878 000 oz en 2023, et la tendance ne s’inversera pas en 2024 (WPIC)
(Agence Ecofin) - La demande mondiale de platine est sur une pente ascendante depuis plusieurs mois, en raison des besoins plus élevés du secteur automobile et de l’utilisation croissante du métal dans la production d’hydrogène vert. Pourtant, l’impact sur les prix n’est pas encore perceptible.
En 2023, la demande sur le marché du platine a dépassé l’offre de 878 000 onces, un des niveaux les plus élevés depuis que le World Platinum Investment Council (WPIC) publie des données sur le secteur. Dans son rapport trimestriel publié cette semaine, l’organisation a indiqué que cette tendance devrait se poursuivre en 2024 avec un déficit prévu de 418 000 onces.
Selon les détails lus par Agence Ecofin, l’offre totale de platine a baissé de 2 % pendant que la demande a augmenté de 25 % en glissement annuel. Malgré une légère augmentation de la production minière (+1 % à 5,63 millions oz) portée par les opérations en Afrique du Sud et au Zimbabwe, l’offre issue du recyclage a diminué de 17 %. Parallèlement, les ventes plus élevées que prévu de véhicules ont soutenu la hausse de la demande. À lui seul, le secteur automobile a ainsi contribué pour 3,27 millions d’onces à la demande de platine en 2023.
Si le WPIC s’attendait à un déficit de plus du million d’onces pour l’année 2023, selon les prévisions publiées en novembre, les nouvelles données traduisent un dernier trimestre plus solide que prévu avec de bonnes performances dans les régions productrices de platine.
Néanmoins, à en croire les perspectives pour 2024, les performances des principales régions productrices (Afrique du Sud, Russie) ne devraient pas beaucoup plus s’améliorer. En Afrique du Sud par exemple, malgré le fait que les fonderies devraient fonctionner de façon plus soutenue qu’en 2023 et que les délestages devraient diminuer, d’autres facteurs comme les plans de restructuration ou les fermetures de mines devraient compenser et entrainer une baisse de 54 000 onces de la production.
« Étant donné les coûts inflationnistes des salaires, de l’électricité et la faiblesse du rand, plus de 50 % des mines en Afrique du Sud sont déficitaires au prix panier actuel. Nous pouvons nous attendre à voir des réductions de production et des fermetures de mines si les prix restent aux niveaux actuels durant les deux à cinq prochaines années », déclarait en janvier dernier à Investing News Network (INN), la directrice de la division métaux du groupe du platine chez Metals Focus, Wilma Swarts.
Malgré la hausse de la demande attendue et les prévisions de déficit, l’impact sur les prix ne devrait pas être si important à cause des stocks disponibles. Selon l’analyse, le déficit sur le marché devrait continuer jusqu’en 2027, mais le facteur le plus important à surveiller sera « le moment où l’épuisement des stocks disponibles atteindra un niveau critique […] ».
Louis-Nino Kansoun
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