(Agence Ecofin) - Alors que de plus en plus d’organisations de protection de l’environnement s’opposent au processus énergivore que requiert le minage du bitcoin avec ses émissions de CO2, des entreprises américaines ont trouvé la parade.
Dans les bassins pétroliers du Texas, des entreprises ont mis en place des systèmes visant à recueillir le gaz normalement torché, auquel elles ont connecté des conteneurs où des racks comprenant des centaines d’ordinateurs minent la cryptomonnaie. L’avantage réside dans le coût de l’énergie. En effet, d’après le Cambridge Bitcoin Energy Consumption Index (CBECI), le coût moyen mondial de l’électricité pour l’extraction de bitcoins est d’environ 0,05 dollar par kilowattheure. Avec le gaz torché, le kilowattheure pourrait passer à moins de 0,018 dollar.
Ceci arrive dans un contexte où les mineurs recherchent des sources d’énergie moins chères et respectueuses de l’environnement. Il faut savoir que l’industrie du minage est ciblée par les critiques de plus en plus acerbes des organisations de protection de l’environnement qui estiment que l’activité est l’une des plus grandes émettrices de carbone au monde aujourd’hui.
La semaine dernière, Elon Musk, le patron de Tesla, a critiqué la consommation d’énergie du bitcoin, notamment celle produite à partir du charbon et a déclaré que son entreprise n’accepterait plus la cryptomonnaie comme moyen de paiement pour ses véhicules.
Tesla & Bitcoin pic.twitter.com/YSswJmVZhP
— Elon Musk (@elonmusk) May 12, 2021
A l’échelle globale, les processeurs affectés à l’extraction de bitcoins consomment 149,6 térawattheures par an. C’est un peu moins que toute l’électricité consommée par l’Égypte. En Chine, où 80 % des bitcoins existants sont minés, on estime que l’activité émettra 130,5 millions de tonnes de carbone d’ici 2024, soit autant que l’Italie ou l’Arabie Saoudite.
Matt Lohstroh, cofondateur de Giga Energy Solutions, une société texane de minage, a déclaré au magazine Good Planet : « ceci profite à tout le monde. Ils [les producteurs de gaz, Ndlr] ne gagnent rien pour leur gaz torché, alors nous arrivons et leur proposons de le prendre contre un petit quelque chose. Ainsi, nous serons en mesure de réduire les émissions qu’ils produisent […] et de créer de la valeur économique de notre côté ».
Pour Tony Scott, directeur général de l’analyse sur le pétrole et le gaz chez BTU Analytics, la capacité de cette manœuvre à réellement réduire les émissions reste à voir. « Ils créent de la valeur économique, mais ne modifient pas nécessairement de manière significative les profils d’émissions. », a-t-il poursuivi.
Olivier de Souza