(Agence Ecofin) - Si elle apporte beaucoup aux économies africaines, l’exploitation minière présente dans le même temps de grands risques sanitaires et environnementaux. En RDC, les autorités doivent gérer un cas de pollution causée par des mines angolaises et touchant des millions de personnes.
Le Centre de recherche sur les ressources en eau du bassin du Congo (CRREBaC) a publié plus tôt ce mois une note dénonçant une « catastrophe environnementale et humaine d’une ampleur incalculable » le long des rivières Tshikapa et Kasaï, en RDC. Selon les détails lus par l’Agence Ecofin, la catastrophe serait causée par les activités minières des complexes angolais de Luo, Camatchia-Camagico et Catoca, accusés d’avoir déversé dans ces rivières des substances toxiques.
Pour arriver à cette conclusion, le CRREBaC a analysé les images satellites et mené des enquêtes auprès des populations riveraines. Un réservoir de polluants miniers percé dans une zone d’extraction de diamants à cheval sur les provinces angolaises de Lunda Sul et Lunda Norte serait à l’origine des rejets. La pollution a été observée depuis le 15 juillet 2021 et les chercheurs craignent qu’elle atteigne en peu de temps le fleuve Congo à Kwamouth, localité située à 190 km de Kinshasa.
Les premières conséquences comprennent la pollution des eaux, l’intoxication et la perte de la faune et la flore aquatiques, les maladies d’origine hydrique pour les populations riveraines, la perturbation des activités de pêches et de navigation et le manque d’accès aux services d’eau à usage domestique et de recréation. Environ deux millions de personnes seraient exposées aux risques et ce chiffre peut encore augmenter avec la progression de la pollution.
« Nous n’avons jamais vu une pollution aussi importante sur le fleuve Congo. Elle continue d’augmenter, les conséquences sont au-delà de ce que nous pouvions imaginer. Il s’agit d’une catastrophe environnementale sans précédent », a déclaré à Reuters Raphaël Tshimanga, directeur du CRREBaC, qui craint une contamination des eaux souterraines qui pourrait avoir des effets négatifs pendant plusieurs années et préconise une action rapide des autorités.
Pour l’instant, les autorités congolaises indiquent être déjà en discussion avec leurs homologues angolaises sur la question. Les deux parties ont convenu de mettre en place une équipe conjointe pour enquêter sur la source de la pollution.
Louis-Nino Kansoun
Sofitel Manhattan, NY, USA