Lithium : une opportunité à plusieurs centaines de millions de dollars pour la Namibie (rapport)

(Agence Ecofin) - Un des plus grands producteurs mondiaux d’uranium, la Namibie, tire des millions de dollars de l’exploitation de ses richesses minérales qui comprennent également le cuivre, le zinc ou encore le plomb. À côté de ces matières premières, l’autre ressource minière dont regorge le sous-sol namibien et qui est pour le moment sous-exploité est le lithium.

 Selon les données du rapport intitulé « Comment l’Afrique saisit les opportunités offertes par le marché du lithium » de la plateforme Ecofin Pro, en valorisant son potentiel en lithium, la Namibie peut insuffler un nouvel élan à son économie. 

Redevenir producteur de lithium

Sur les 26 projets de lithium répertoriés dans la base de données Ecofin Pro consacrée au secteur minier, un seul est actuellement en phase de production. Il s’agit en l’occurrence de la mine Bikita, opérée au Zimbabwe par Bikita Minerals.

Si la Namibie ne produit pas encore du lithium, le rapport explique qu’elle en a produit par le passé. On apprend ainsi que les données sur la production historique des mines namibiennes de lithium sont disponibles pour la période de 1939 à 1998. D’après nos informations, le pays figurait encore en 2018 parmi les producteurs de minerai de lithium avec des volumes qui ont fluctué entre 1000 et 10 000 tonnes.

Face aux nouvelles opportunités offertes par le marché du lithium – la demande est appelée à augmenter en raison des besoins croissants du secteur automobile -, le gouvernement namibien place ses pions pour redevenir producteur.

Sur 26 projets de lithium répertoriés dans la base de données Ecofin Pro Mines, 5 sont localisés en Namibie

L’Etat namibien a ainsi octroyé plusieurs permis à des entreprises étrangères dont la plus active est l’australien Lepidico. Ce dernier pilote le projet Karibib pour lequel il a publié en mai 2020 une étude de faisabilité définitive qui estime que les ressources peuvent être exploitées sur 14 ans et permettre de produire annuellement 4900 tonnes d’hydroxyde de lithium. L’investissement nécessaire pour la première phase du projet est évalué à 139 millions $. Soulignons que l’hydroxyde de lithium est privilégié dans les industries de fabrication de batteries de véhicules électriques (VE) dont il augmente les performances, ce qui permet aux VE d'avoir une plus grande autonomie avant de devoir être rechargés. Si l’on prend en compte le niveau actuel des prix (77 dollars/kg pour l’hydroxyde de lithium selon le London Metal Exchange), la valeur de la production annuelle de Karibib serait de 377,3 millions $.   

Tirer plus de recettes du secteur minier

Plus de 50 % de exportations namibiennes sont issues du secteur minier (10 % du PIB qui était de 12,2 milliards de dollars en 2021) porté par des produits comme l’uranium, le diamant, le cuivre ou encore le manganèse et le zinc. Alors que le secteur de l’uranium retrouve des couleurs, eu égard à un regain d’intérêt pour le nucléaire, et que les perspectives du marché du cuivre restent solides en raison de l’importance du métal pour la transition énergétique, la Namibie tient une nouvelle occasion de développer son secteur minier en le diversifiant davantage. Les axes de travail à venir portent sur la réglementation minière et sur les politiques à mettre en place pour que la période faste qui se profile bénéficie à l’ensemble de la population. 

Louis-Nino Kansoun