(Agence Ecofin) - Jeudi 1er juillet, IronRidge Resources a annoncé un partenariat avec la société Piedmont Lithium, spécialisée dans la fourniture d’hydroxyde de lithium. Selon la junior minière, l’investissement de 102 millions $ que s’apprête à faire le groupe américain permettra au Ghana de devenir le premier producteur de lithium en Afrique de l’Ouest. Mais ce statut symbolique représente un objectif « un peu trop ambitieux », compte tenu des obstacles que doit encore franchir IronRidge. Explications.
Du pain sur la planche
Dans le développement des projets miniers, l’extraction et le traitement constituent souvent la dernière étape d’un long processus. Elle vient après de multiples travaux d’exploration et la publication d’évaluations sur la viabilité économique du projet, avant la négociation des financements pour construire la mine. Si IronRidge a trouvé le financement pour construire sa mine de lithium d’Ewoyaa, il faut souligner que la société n’en a pas encore terminé avec les étapes lui permettant d’en arriver là. Actuellement, Ewoyaa n’en est qu’à l’étude exploratoire (publiée en janvier dernier seulement), l’un des stades préliminaires dans le développement d’un projet minier. Comme l’a si bien souligné la junior elle-même, il reste encore des travaux d’exploration à mener pour accroitre aussi bien les ressources que la précision de leurs estimations.
D’autre part, l’étude de faisabilité (FS), considérée comme la dernière étape avant le lancement des travaux de construction d’une mine n’a pas encore été réalisée. D’ailleurs, Piedmont Lithium a soumis son investissement à l’atteinte d’un seuil minimal pour la durée de vie et la capacité du projet, dans le cadre la FS. Il s’agit d’une capacité de traitement de minerai de 1,5 million à 2,5 millions de tonnes par an sur huit ou 10 ans.
Pas le projet le plus avancé
Alors qu’IronRidge veut devenir « le premier producteur de lithium d’Afrique de l’Ouest », soulignons que la junior n’est pas la seule active sur le métal dans la sous-région, encore moins la plus avancée. La compagnie minière Firefinch évolue également au Mali sur le projet de lithium Goulamina et a déjà franchi toutes les étapes importantes nécessaires au développement de l’actif. L’étude de faisabilité est achevée depuis octobre 2020 et le financement pour la construction du projet a même été trouvé il y a quelques semaines, dans le cadre d’un accord avec Ganfeng Lithium. Compte tenu de cette situation, les déclarations d’IronRidge faisant du Ghana le futur premier producteur ouest-africain de lithium doivent donc être accueillies avec prudence.
Quoi qu’il en soit, toute cette émulation ne peut que profiter aux pays hôtes de ces projets et d’une manière générale, au continent africain. Ce dernier pourra ainsi jouer un plus grand rôle dans le secteur des métaux critiques que sont entre autres le lithium, les terres rares ou encore le cobalt.
Emiliano Tossou
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