(Agence Ecofin) - Comme de nombreuses nations européennes, l’Australie a décidé il y a quelques semaines d’obliger les géants du web à rémunérer les médias locaux pour reprendre leurs articles. Si du côté de Google la requête, après quelques tensions, a conduit à une entente, c’est totalement l’inverse avec Facebook.
Depuis quelques heures, il est impossible de partager sur Facebook les articles des médias australiens. Le réseau social a mis à exécution les menaces proférées lorsque les autorités australiennes ont exigé, à travers une nouvelle loi, que la firme américaine paie les droits voisins aux médias locaux. Opposé à cette décision, Facebook a tout simplement empêché le partage des articles des médias australiens sur sa plateforme suscitant l’ire de tout un pays.
La colère australienne a été aggravée par le fait que des informations jugées comme déterminantes sont impossibles à partager sur Facebook. Ainsi, les publications des départements de Santé d’au moins trois Etats, qui fournissent régulièrement des chiffres sur la pandémie de Covid-19, plusieurs comptes gouvernementaux et des pages d’organisations caritatives ne sont plus accessibles.
Tout ceci, alors que les autorités avertissaient leurs populations concernant des crues soudaines dans certaines parties de l’Etat du Queensland. En Australie-Occidentale, la page Facebook du service des incendies a été effacée alors que l’Etat se préparait à une situation de « danger d’incendie catastrophique ».
« Facebook a eu tort. Ces mesures brutales sont inutiles, autoritaires et vont nuire à sa réputation ici», a réagi Josh Frydenberg, le ministre australien des Finances.
La réaction du réseau social peut sembler surprenante. En effet, contrairement à Facebook, Google qui avait très tôt montré les crocs a finalement noué de nombreux accords pour rémunérer les médias australiens. Du côté de Facebook, par contre, rien ne permettait de subodorer les tensions actuelles. Le ministre des finances australien a déclaré que Mark Zuckerberg (photo) n'avait donné aucun avertissement à propos de ce blocage alors que les deux hommes ont discuté durant le week-end dernier, puis le matin de ce 18 février, quelques heures avant le blocage.
Plus qu’une guerre avec l’Australie, la réaction de Facebook envoie un message inquiétant aux médias du monde entier souhaitant réclamer leurs droits voisins : le réseau social n’hésitera pas à empêcher le partage de leurs contenus sur sa plateforme. Les médias européens ne tarderont pas à se prononcer en faveur de leurs confrères australiens avant de peut-être se liguer contre Facebook. Pendant ce temps, Google continue de privilégier la négociation.
Servan Ahougnon
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