( MICROSAVE CONSULTING) - La majorité des investisseurs de startups sur le continent africain venant de pays anglophones, il n'est pas surprenant que la plupart des investissements soient réalisés dans les pays africains anglophones. Cela ne doit pas être une excuse pour les startups francophones, mais servir de rappel pour communiquer à la fois en français et en anglais pour faire passer leurs messages. Dans notre récent webinaire sur l'environnement des startups au Sénégal et en Côte d'Ivoire, notre rapport et les panélistes ont noté l'importance de plusieurs éléments pour aider à stimuler l'investissement, notamment le ciblage d'un marché plus large, la collaboration et le ciblage des investisseurs.
La taille du marché de la région UEMOA nécessite une collaboration
L'opportunité de marché est une mesure importante pour estimer le potentiel à long terme d'une entreprise en phase de démarrage, et il est difficile de faire fonctionner les chiffres sur un petit marché. La clé de la croissance d'une entreprise est de trouver un marché d'acheteurs consentants auxquels on peut accéder facilement et qui soit suffisamment grand (par rapport à leur valeur vie client). Il est possible de créer un bon service ou un bon produit et de trouver des acheteurs, mais malheureusement, le marché potentiel d'une entreprise est limité aux clients pour lesquels cet achat correspond à la résolution d’un point de douleur et à une priorité d'achat.
Avec une population moins nombreuse et un PIB de 149,5 milliards de dollars US, comparé au Nigeria (448,1 milliards de dollars US), au Kenya (95,5 milliards de dollars US) et au Ghana (66,98 milliards de dollars US), la zone UEMOA a besoin de plus collaborer avec le secteur privé pour susciter l'intérêt des investisseurs et atteindre un plus grand marché. Avant de collaborer avec des entreprises, les FinTechs doivent comprendre l'objectif stratégique de l'entreprise et le problème que celles-ci veulent résoudre. Votre offre réduit-elle les coûts ou augmente-t-elle les marges de l'entreprise ? L'aide-t-elle à acquérir une présence stratégique sur une nouvelle technologie ou un nouveau marché ? La collaboration entre les entreprises et les start-ups peut être cruciale pour de l'innovation permanente au sein des deux types d'entreprises. Les start-ups doivent déterminer ce qu'elles apportent et pourquoi il vaut la peine qu'une grande entreprise prenne le temps de discuter d'une collaboration. La collaboration avec le secteur privé peut également constituer un moyen d'améliorer le vivier de talents.
Cela commence par une collaboration à l'intérieur du pays, mais avec une population plus petite et de nombreux acteurs régionaux, il est possible d'aller plus loin. Aujourd'hui, certaines FinTechs offrent des services en marque blanche à l'industrie, ce qui permet aux startups d'avoir un investissement initial en capital plus faible.
On voit aussi des collaborations avec les banques ou le gouvernement, comme par exemple avec Wizall, qui a aidé le gouvernement ivoirien à fournir des paiements sociaux. Il y a peu de collaboration entre les FinTechs elles-mêmes malgré l'opportunité de services complémentaires et celle de travailler avec des FinTechs d'autres pays.
Pierre Maspoli, chargé d'affaires chez Proparco, a relevé lors du webinaire dix conseils pour attirer les investisseurs que je me suis permise de développer un peu :
Collaborer à la création d'un environnement favorable
Un environnement favorable est le réseau complexe de politiques, de lois, de réglementations et de normes qui façonnent le comportement sur un marché et influencent de manière critique la façon dont une entreprise se développe et s'étend. Les FinTechs devraient travailler ensemble pour avoir une voix plus importante pour travailler avec les gouvernements.
Le Startup Act du Sénégal est toujours en cours et a été co-créé avec le marché. En regardant leur facilité à faire des affaires, les pays francophones ont des opportunités pour s’améliorer. Les 17 pays membres de l'OHADA se situent entre la 97e (Togo) et la 184e (République centrafricaine) place dans le classement de la Banque mondiale sur la facilité à faire des affaires. Plusieurs gouvernements tentent de relever les défis auxquels sont confrontés les start-ups. Les législations sont en cours d'examen dans plusieurs pays africains tels que le Bénin (Loi sur les MPME et Startup Act), la Côte d'Ivoire (Startup Act), le Togo (Startup Act) et Mali (Startup Act). Il est impératif que, dans la définition des politiques, la qualité de l'exécution soit privilégiée par rapport à la quantité des politiques d'entrepreneuriat.
Cela implique de définir des stratégies et des plans d'action concrets avec des activités détaillées, d'assurer un ancrage institutionnel et politique suffisant et d'attribuer les responsabilités, de doter les équipes chargées de les gérer des capacités requises (et éventuellement avec une expérience du secteur privé), de leur fournir des ressources financières suffisantes pour répondre à leurs ambitions, de les faire communiquer efficacement dans la mise en œuvre.
Il convient de noter que l'approbation des Startup Acts n'est pas synonyme de résultats, bien qu'elle fournisse la base juridique pour améliorer l'environnement commercial et réglementaire. Il est beaucoup plus durable d'aider les jeunes start-ups à devenir des sociétés saines et matures sur le long terme que de se contenter de les encourager pendant les premiers stades.
Afrique francophone est un écosystème promette
Les startups de la région ont déjà commencé à s'étendre au niveau régional. PayDunya a plus de 600 clients et a étendu son offre du Sénégal à la Côte d'Ivoire en passant par le Bénin en travaillant avec d’autres FinTechs et des acteurs du secteur privé. Nous commençons à voir plus de startups anglophones entrer sur le marché francophone aussi. Kobo360, lancé au Nigeria, est maintenant dans sept pays y compris la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Togo. C’est une entreprise technologique qui regroupe les opérations de transport de bout en bout pour aider les propriétaires de fret, les propriétaires de camions, les chauffeurs et les destinataires de fret à obtenir un cadre de chaîne d'approvisionnement efficace.
Suguba a lancé plusieurs programmes d'accélération en commencant par Afrique Excelle, l'adaptation francophone de l'accélérateur technologique XL Africa de la Banque mondiale. Ce programme, qui s'est terminé en 2019, visait à mettre en relation les startups francophones du continent avec des mentors et des investisseurs. Afrique Excelle avait permis aux 10 premières startups francophones d'Afrique subsaharienne de lever des fonds pour un total d'environ 10 millions de dollars. L’Afrikhaliss Suguba fournit la formation, la mise en relation avec les investisseurs et le réseautage avec des partenaires et mentors. Keiwa, une application simplifiée de comptabilité, de gestion financière et de gestion des stocks était au programme et vient de recevoir un investissement d'I&P.
Les gouvernements peuvent également jouer leur rôle en promouvant des instruments d'investissement pour le renforcement des capacités. Avec plus de 400 000 demandes de financements directs reçues depuis sa création, la DER/FJ constate que l'envie d'entreprendre demeure une réalité au Sénégal. En 2020, la DER/FJ a en effet accordé 25 milliards de FCFA de financements.
Consultez la carte de l'écosystème des FinTechs en zone francophone pour en découvrir plus sur les acteurs en zone francophone. C’est un secteur petit, mais dynamique et sans aucun doute à surveiller.
Elizabeth Berthe
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »