(Agence Ecofin) - Sérieux dilemme pour les gestionnaires de fonds qui font des placements sur le marché de la dette et des actions au Nigeria. Le choix classique entre les obligations (titres d'emprunts) qui offrent des revenus sûrs et sécurisés, et les actions qui confèrent des dividendes et des plus-values boursières, ne suffit plus à lui seul pour prendre la décision d'investir.
Les gains recherchés par les investisseurs sur les obligations à 365 jours émises par le gouvernement, qui sont un produit de référence du marché des capitaux au Nigeria, sont dans une tendance baissière. Alors que le 2 janvier 2019, ces titres offraient une marge de 16,9% au 17 juillet 2019, cet indicateur n'était plus que de 12,5%, soit une baisse de 4,4 points de pourcentage.
Sur le compartiment des actions, on note que le NSE All Share Index qui regroupe toutes les sociétés cotées sur la Bourse de Lagos, affiche une perte de valeur de l'ordre de 11,17% depuis le 31 décembre 2018. En d'autres termes, un investissement qui aurait été effectué sur les sociétés du marché financier nigérian, n'aurait pas rapporté de l'argent à celui qui le ferait
Dans ce contexte où toutes les options ne sont plus rentables sur le court terme, il n'est pas exclu qu'on assiste à des changements de stratégie dans les placements de fonds sous la gestion des investisseurs. Fin août et début septembre 2019, les entreprises ont toutes ou presque, annoncé des dividendes intérimaires afin de susciter la confiance des investisseurs.
Avec la baisse de performance globale des actions sur le Nigeria Stock Exchange, plusieurs investisseurs ont décidé en 2019, de ne plus y être exposés et les ont vendu, ce qui justifie les nouveaux replis des valeurs qu’on observe sur ce segment. Aussi, ont-ils décidé de s'offrir de la sécurité en investissant sur les bons du trésor public, ce qui a conduit à une augmentation de la demande pour ces produits, d’où le recul des marges.
Toujours sur le segment des investissements en obligations à court terme, on note que le Nigeria a recommencé à attirer les investisseurs étrangers. Ce développement des choses s'est traduit par une injection de 9,4 milliards $ de capitaux supplémentaires au cours du premier semestre 2019, rien que sur le marché des titres à court terme. Une telle demande qui n'avait pas été observée depuis le premier semestre 2015, vient renforcer la baisse des rendements sur les bons du trésor du Nigeria arrivant à maturité dans un an.
Selon une récente analyse publiée par des experts de la FSDH Merchant Bank, une société d'investissement basée à Lagos, le temps est venu pour les investisseurs nigérians de faire preuve de plus de réflexion stratégique dans les arbitrages pour l'allocation de leurs ressources. Mais il faudra attendre pour faire un bilan de la situation. Une des conséquences de la baisse sur les rendements des obligations, c’est que le service de la dette des entreprises devrait aussi être réduit. Toute chose susceptible de soutenir une meilleure rentabilité à leur profit, et donc une hausse des dividendes ou des fonds propres qui sont la propriété des actionnaires.
Idriss Linge
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