(Agence Ecofin) - En RDC, malgré les appels à la conciliation des ONG, les autorités ont entrepris le déplacement forcé des populations présentes sur le site de construction de la centrale hydroélectrique de Busanga. L’infrastructure d’une capacité de 240 MW alimentera les mines de cobalt du pays.
En RDC, la libération des terres pour la construction du barrage de Busanga, est sujette à polémique. Depuis plus d’un an, les communautés des villages situés à l’emplacement futur de la centrale contestent la procédure de délocalisation, dont elles font l’objet. Elles remettent en cause le montant des indemnisations qui leur ont été versées et refusent de quitter leurs habitations.
Les responsables du projet ont donc enclenché la démolition des habitations pour forcer les populations à quitter le site. « Il y a eu 18 jeeps qui sont arrivées au village, il y avait des soldats et des policiers. Il y avait également deux gros camions et deux gros engins. Ici, il ne reste plus aucune habitation. Les gens dorment dans la rue. Le ministre de l’Intérieur et des généraux sont aussi venus. », affirme un habitant à la Deutsche welle (DW ), sous couvert d’anonymat.
Le ministre provincial de l’Energie, Patrick Kakwata assure pour sa part que les mesures d’accompagnement existent et sont appliquées. « Tout a été respecté en ce qui concerne les indemnisations. On a respecté les règles et la loi en termes de délocalisation. Ils seront suivis de sorte que nous puissions nous rendre compte qu’ils sont bien relogés », renchérit-il auprès du média allemand. Les populations pour leur part estiment que le montant des indemnisations ne suffit pas à une réinstallation.
Au début du mois de septembre, 9 ONG ont lancé une action appelant les institutions nationales à une résolution pacifique du conflit. « La société civile intervenant dans le dossier a présenté, il y a un mois, une feuille de route, au ministre provincial de l’Intérieur, qui proposait des pistes de solution, notamment la création d’un cadre de dialogue avec les populations. Nous sommes surpris que le ministre ait opté pour la terreur et le forcing alors qu’il n’y a aucune condamnation de la justice ni une décision administrative qui puisse justifier une telle attitude », s'étonne devant DW, l’avocat Donat Kambola, l’un des professionnels engagés dans la résolution de ce conflit.
D’une capacité de 240 MW, le barrage de Busanga sera le troisième plus grand du pays après Inga I et Inga II. Sa construction est assurée par Sicohydro, une entreprise sino-congolaise et sa production est destinée à l’industrie du cobalt.
Gwladys Johnson Akinocho