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Le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne devient un fait accompli pour les pays voisins qui vont devoir collaborer

  • Date de création: 02 mai 2023 06:01

(Agence Ecofin) - Alors que la construction du controversé Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) et de la centrale hydroélectrique sur le Nil Bleu est à environ 90% achevée, il est temps pour l'Éthiopie, l'Égypte et le Soudan de passer de la menace et du nationalisme à la coopération pour le bien commun, estime le think tank sud-africain ISS Africa.

Le GERD a été éclipsé ces dernières années par plusieurs événements tels que la COVID-19, la guerre en Éthiopie et la transition tumultueuse au Soudan. « Il est temps de reprendre les négociations sérieuses entre les trois pays concernés », estime ISS Africa. Le Soudan, qui a changé de camp plusieurs fois dans le conflit, semble se rapprocher de nouveau de l'Éthiopie, notamment en raison des progrès réalisés dans la résolution des revendications territoriales autour de la région fertile d'Al Fushqa.

L'Égypte, quant à elle, se retrouve de plus en plus isolée dans son opposition farouche au barrage, qu'elle considère toujours comme une menace existentielle en raison de sa dépendance presque totale aux eaux du Nil. La majorité des analystes écartent cependant la possibilité d'une action militaire pour résoudre le différend.

Aucune négociation substantielle ne semble en cours et les tentatives de médiation de divers pays et institutions n'ont pas réussi à briser l'impasse. Cependant, révèle le think tank, des réunions plus discrètes ont eu lieu sous l'égide des Émirats arabes unis, en complément des efforts de l'Union africaine.

Selon William Davison, spécialiste de l'Éthiopie au sein du groupe International Crisis Group, la réalisation du GERD devient de plus en plus un fait accompli, et il paraît de moins en moins probable que l'Éthiopie accepte les concessions exigées par l'Égypte. Les trois parties vont devoir adopter une nouvelle attitude, basée sur la réalité que le GERD ne disparaîtra pas. L'Égypte devra cesser de proférer des menaces et commencer à réfléchir aux avantages que le GERD pourrait offrir, tandis que l'Éthiopie devra être moins farouchement indépendante dans la gestion du barrage.

Pour Hagen Koch, chercheur principal à l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact climatique, « des avantages considérables pourraient être tirés si le Haut barrage d'Assouan en Égypte et le GERD étaient exploités conjointement ». Jemima Oakey, spécialiste de l'eau chez Azure Strategy, a également suggéré que les trois pays mettent en place un accord de partage de données pour gérer les flux d'eau à partir du GERD.

La gestion du Nil Bleu, ressource vitale pour les trois pays, nécessite une collaboration plutôt qu'une confrontation. Il est temps de privilégier une approche plus scientifique, moins politique et moins conflictuelle pour trouver une solution durable.