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Le Gabon veut faire le grand saut du diesel au gaz, tant pour le transport que pour l’électricité

  • Date de création: 07 novembre 2021 12:29

(Agence Ecofin) - Avec des réserves de gaz estimées à plus de 100 milliards de m3 (données du ministère du Pétrole), le Gabon envisage au cours des prochaines années de développer davantage ses ressources gazières. Ce, dans le but de générer de nouvelles sources de revenus dans un contexte de déclin de la production pétrolière, d’accélérer la transition énergétique et améliorer l’approvisionnement du territoire national en gaz butane. À cet effet, les autorités gabonaises travaillent actuellement pour passer de l’utilisation du diesel au gaz tant dans le secteur de l’énergie électrique que dans le transport.  

 « Nous voulons faire cette transition, parce qu’au Gabon, les carburants que nous utilisons aujourd’hui à savoir le pétrole, l’essence, le lampant, le kérosène, et le butane sont, à l’heure actuelle, achetés à l’étranger. Entre-temps au Gabon, nous avons du gaz sur notre bassin sédimentaire. Donc, il est logique en termes d’efficacité d’utiliser ce qui est présent au Gabon au lieu d’aller acheter chez les autres ce que nous avons sur place », a expliqué Yann Livulibutt Yangari, chef de la task force stratégie gazière du Plan d’accélération de la transformation (PAT), au cours du sommet sur le pétrole, le gaz et la transition énergétique tenu à Libreville du 20 au 22 octobre 2021 et auquel Le Nouveau Gabon a participé. 

« Au Gabon, nous avons du gaz sur notre bassin sédimentaire. Donc, il est logique en termes d’efficacité d’utiliser ce qui est présent au Gabon au lieu d’aller acheter chez les autres ce que nous avons sur place », 

Cette mesure entre aussi dans la stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre mise en place dans le pays. « Nous avons des réserves en gaz et il y a une partie de ce gaz qui est torché. Ce torchage, bien que ne produisant pas le même impact que le pétrole proprement dit, émet quand même du CO2 dans l’atmosphère. Et c’est un CO2 qui s’en va pour rien. Ce qu’on veut faire c’est prendre ce gaz qu’on brûle inutilement pour qu’il devienne une source d’énergie qu’on peut utiliser aussi bien dans les véhicules, dans la génération d’électricité que dans un certain nombre d’applications permettant de générer le bien-être des populations et la richesse au niveau du pays », explique Maurice Dikongo, président du conseil d’administration de Gabon Oil Compagny (GOC). Le Gabon torche environ 35 milliards de pieds cubes de gaz d’après Yann Yangari.

Technologie, financement, infrastructures… le Gabon devra relever plusieurs défis

Mais, pour arriver à l’électricité et au transport plus écologique et plus économique, le Gabon devra relever plusieurs défis. Premièrement, le défi technologique et infrastructurel. Il sera question pour le pays de parvenir à nouer des partenariats publics-privés avec des entreprises qui ont cette technologie pour qu’elles viennent l’aider à réussir ce transfert de technologie. Le Gabon devra notamment investir dans des projets de gaz comprimé, mettre en place des centres de conversion au gaz de pétrole liquéfié (GPL) et au gaz naturel comprimé (GNC) avec des équipements permettant de convertir les voitures au gaz naturel, installer des stations gaz, indique Robert Dilindi, directeur général de Nila Geasolutions, une entreprise gabonaise de services pétroliers créée en 2014.

En Égypte par exemple, le plus grand consommateur africain de gaz pour véhicules de transport, il existe 72 centres de conversion de véhicules dans le pays et 187 stations d’approvisionnement, selon le rapport mondial sur le GNL de l’Union internationale du gaz (UIG) publié le 4 juin 2021. Un nombre qui devrait passer à 400 d’ici 2022. 

Le deuxième challenge pour le Gabon est d’ordre financier. Il faut, selon les acteurs du secteur pétrolier, que le Gabon arrive à créer un cadre de confiance entre les entreprises qui veulent agir sur ce secteur et les banques, afin que celles puissent les financer. « Nous avons des investisseurs et des fonds internationaux tels que la Banque mondiale qui sont prêts à financer cette transition. Donc aujourd’hui, les investisseurs internationaux sont en train de sortir de ce qui est investissement carboné (qui pollue beaucoup) et veulent mettre leur argent dans des solutions qui permettent de réduire l’effet climatique de l’industrialisation mondiale. C’est pour ça que nous allons travailler avec les banques locales, ainsi qu’avec les banques internationales afin d’accompagner ce tissu économique gabonais naissant dans cette transition énergétique », explique Yann Livulibutt Yangari.

Le troisième défi est réglementaire. Il faut que le Gabon mette en place un cadre normatif afin de limiter les risques qu’il pourrait y avoir lors de la transition. Car, sans les règles, cette transition pourrait faire plus de mal que de bien au pays. Dans ce cadre, « nous sommes en train de finaliser des arrêtés et décrets afin de définir un cadre pour le transport du gaz naturel, pour la construction de stations, la construction des dépôts et des spécifications. La vérité est qu’aujourd’hui, il n’y a pas des spécifications établies pour le gaz naturel liquide, comprimé en République gabonaise. C’est-à-dire que c’est difficile pour un acteur de savoir quel est le type de gaz qu’il va devoir transporter. Donc, pour lui pour l’instant, c’est difficile de pouvoir se positionner sur le secteur. Mais, une fois qu’on aura défini la spécification nécessaire c’est-à-dire la composition de ce gaz, les acteurs du secteur pourront se positionner sur les différents types d’équipements sur lesquels ils pourront investir pour matérialiser cela », poursuit Yann Livulibutt Yangari.

Les entreprises favorables à cette mutation énergétique

Un autre défi sera d’augmenter dans les prochaines années, le stockage de gaz afin d’améliorer l’approvisionnement. Car, les autorités gabonaises voudraient également que les agroindustriels, agroforestiers, miniers, pétroliers abandonnent le gasoil pour le gaz naturel. Les autorités gabonaises souhaitent aussi impliquer davantage les Gabonais dans ce secteur pour une prise en main de la filière par les nationaux. Ce qui va notamment consister pour les multinationales à intégrer les nationaux dans leurs activités pour le transfert de technologie.

Au sein des entreprises au Gabon, l’on trouve cette transition énergétique bénéfique. À les en croire, elle va leur permettre de réduire leurs charges et leur empreinte carbone. À la Société des brasseries du Gabon (Sobraga) par exemple, Damien Housez, directeur technique de l’entreprise française dans le pays, a affirmé, lors du sommet sur le pétrole et la transition énergétique, que le passage du diesel au gaz serait très bénéfique pour son entreprise. Par exemple, l’entreprise pourrait économiser annuellement jusqu’à 1,3 milliard de FCFA en alimentant au gaz le site de la Sobraga à Owendo. Car actuellement, apprend-on, la consommation du pétrole sur le site d’Owendo coûte annuellement à la société brassicole 1,7 milliard de FCFA, tandis qu’avec le gaz, elle pourrait dépenser annuellement 431,7 millions de FCFA seulement. 

« Cette transition du pétrole au gaz est très sécurisante et sans problème environnemental », assure Frederik Rengers, Chief Executive Officer de WTS Energy. « C’est une très bonne idée, parce que jusqu’à présent, on s’est beaucoup intéressé au pétrole brut. En même temps, c’est positif pour l’environnement et les compagnies pétrolières vont pouvoir se faire de l’argent aussi puisqu’elles vont commercialiser ce gaz-là », explique Robert Dilindi. Les entreprises pétrolières « vont vendre ce gaz à l’État et éventuellement aux autres entreprises pour avoir davantage de revenus. Ces entreprises seront plus rentables », renchérit le PCA de la GOC.

Le Gabon expérimente déjà la transition

L’utilisation du gaz dans le transport et dans l’énergie électrique est déjà expérimentée au Gabon. À en croire Yann Livulibutt Yangari, 100% de l’électricité qui alimente la ville de Port-Gentil est produite à base du gaz des champs pétroliers qui était destiné au torchage par le passé. En fait, depuis 2007, la compagnie pétrolière française Perenco approvisionne en gaz naturel les entreprises basées à Port-Gentil et Libreville, ainsi que les centrales électriques de ces deux villes à partir d’un gazoduc de 450 kilomètres, apprend-on.

S’agissant de la consommation de gaz naturel dans le domaine du transport au Gabon, plusieurs véhicules roulent déjà au gaz, notamment à Port-Gentil. Il s’agit principalement des véhicules du parc automobile de l’entreprise pétrolière Perenco. « Nous avons déjà une station au gaz naturel, celle de Perenco et nous avons déjà une quarantaine de véhicules qui roulent au gaz naturel. Ce que nous voulons faire, c’est de vulgariser cette technologie afin que tout le monde puisse en bénéficier. Nous voulons dans un premier temps utiliser Port-Gentil comme ville pilote pour la consommation du Gaz à la place du Diesel, mettre en place une station publique et faire en sorte que les transporteurs en commun, les entreprises qui ont beaucoup de véhicules, les taxis, puissent utiliser du gaz au lieu du gasoil », soutient le chef de la task force stratégie gazière du PAT. 

« Nous voulons dans un premier temps utiliser Port-Gentil comme ville pilote pour la consommation du Gaz à la place du Diesel, mettre en place une station publique et faire en sorte que les transporteurs en commun, les entreprises qui ont beaucoup de véhicules, les taxis, puissent utiliser du gaz au lieu du gasoil ». 

En 2020, le nombre de véhicules fonctionnant au gaz naturel en circulation dans le monde a atteint 29,5 millions, selon le rapport mondial sur le GNL de l’Union internationale du gaz (UIG). Le Gabon veut donc se positionner comme pionniers dans ce domaine en Afrique centrale. Et les autorités gabonaises ont conscience qu’il reste beaucoup de choses à faire. Le sommet sur le pétrole, le gaz et la transition énergétique, organisé du 20 au 22 octobre à Libreville, a été l’occasion d’échanger avec les acteurs du secteur pétrolier et gazier tant nationaux et internationaux afin de trouver des solutions pour réussir cette transition énergétique. Les ressources en gaz du Gabon sont actuellement exploitées par la compagnie franco-britannique Perenco à partir de deux gisements (Ganga et Ozangue). 

Sandrine Gaingne


Sandrine Gaingne
 
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