(Agence Ecofin) - En novembre 2020, la Banque centrale du Nigeria avait ordonné le gel de 20 comptes bancaires liés aux membres du mouvement END SARS pour 90 jours. La décision était intervenue suite aux manifestations du Lekki Toll Gate contre les brutalités policières qui avaient été réprimées dans le sang.
Dans une décision rendue publique cette semaine, la Haute Cour fédérale d’Abuja, la capitale du Nigeria, a ordonné le dégel des comptes bancaires appartenant à des personnes liées au mouvement END SARS. L’information a été confirmée le jeudi 11 février par plusieurs sources locales.
Les comptes bancaires appartiennent à 19 manifestants du mouvement END SARS ainsi qu’à une entreprise du nom de Gatefield Nigeria Ltd qui aurait levé des fonds pour permettre à des journalistes indépendants de couvrir les manifestations. Ils avaient été gelés en novembre 2020 par la Banque centrale, suite à une décision approuvée par la Haute Cour de justice.
Selon les autorités judiciaires du Nigeria, il s’agissait d’une mesure provisoire de 90 jours « en attendant les résultats de l'enquête et de l'investigation actuellement menées par la Banque centrale du Nigeria ». Une mesure qui avait été vivement contestée par les membres de l’opposition et les activistes nigérians des droits de l’homme.
« L'ordonnance du 4 novembre 2020, concernant le gel des comptes [...] est annulée », a indiqué le mercredi 10 février 2021, le juge Ahmed Mohammed précisant que cette décision est issue d’un accord entre les avocats des manifestants et de la Banque centrale.
Pour rappel, le mouvement END SARS créé il y a quelques années, avait resurgi en octobre 2020 pour réclamer la dissolution d’une force de police spéciale, la SARS, réputée pour ses exactions. Les manifestations ont atteint leur paroxysme le mardi 20 octobre 2020 lorsque les forces de sécurité nigérianes ont réprimé dans la violence une manifestation pacifique au Lekki Toll Gate, tuant selon plusieurs témoins et organisations des droits de l’homme, au moins 12 manifestants.
Pour de nombreux observateurs, ce gel des comptes bancaires liés aux membres du mouvement était en réalité un nouveau coup de pression du gouvernement contre le mouvement qui a attiré pendant plusieurs jours, l’attention du monde entier.
Notons que malgré les répressions, de nombreux membres de la société civile appellent à reprendre le mouvement, réclamant désormais de plus grandes réformes sécuritaires, malgré la satisfaction des premières revendications des manifestants.
Moutiou Adjibi Nourou
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