(Agence Ecofin) - Au Nigeria, la Haute Cour de justice a donné son feu vert à la Banque centrale pour qu’elle gèle 20 comptes bancaires appartenant à 19 personnes et une entreprise liée au mouvement END SARS. L’institution indique que la mesure durera 90 jours, mais pourra être renouvelée.
La Banque centrale du Nigeria vient du suspendre 20 comptes bancaires appartenant à des personnes et une structure liées au mouvement END SARS. L’information a été rapportée le week-end dernier par de nombreux médias locaux, citant des sources officielles.
Selon les responsables de la Banque centrale, l’ordre de gel de ces avoirs a été approuvé par la Haute Cour fédérale du Nigeria. 19 individus membres du mouvement END SARS et une entreprise du nom de Gatefield Nigeria Ltd sont visés par la mesure.
Selon les autorités judiciaires du Nigeria, il s’agit d’une mesure provisoire de 90 jours « en attendant les résultats de l'enquête et de l'investigation actuellement menées par la Banque centrale du Nigeria ». Cependant, pour de nombreux observateurs, il s’agit juste d’un nouveau coup de pression du gouvernement contre le mouvement qui attire de plus en plus l’attention du monde entier. Les autorités n’ont toutefois pas donné les raisons pour lesquelles les détenteurs des comptes ciblés font l'objet d'une enquête.
Créé au départ pour réclamer la dissolution d’une force de police spéciale, la SARS, réputée pour ses exactions, le mouvement « END SARS » s’est très vite amplifié pour réclamer de plus grandes réformes sécuritaires, malgré la satisfaction des premières revendications des manifestants. Avec l’intensification du mouvement, le gouvernement a décidé de déployer l’armée pour reprendre le contrôle de la situation.
C’est dans ce contexte que le mardi 20 octobre 2020, les manifestations ont atteint leur paroxysme lorsque les forces de sécurité nigérianes ont réprimé dans la violence une manifestation pacifique au Lekki toll Gate, tuant selon plusieurs témoins et organisations des droits de l’homme, au moins 12 manifestants.
Le 28 octobre, l’entreprise Gatefield Nigeria Ltd a porté plainte contre Access Bank Plc, l’un des plus grands prêteurs du Nigeria qu’elle a accusé d’avoir illégalement restreint ses comptes. L’entreprise les utilisait pour lever des fonds devant permettre à des journalistes indépendants de couvrir les manifestations.
Dans la foulée, le régulateur des médias dans le pays ouest-africain a sanctionné des médias pour avoir diffusé les images des violences survenues lors des manifestations du mouvement #EndSARS.
Malgré les répressions, de nombreux membres de la société civile appellent à reprendre le mouvement. Cela pourrait donner lieu à un nouveau bras de fer avec les autorités en place, alors que la Banque centrale a déjà indiqué que la mesure de suspension des comptes pourrait être renouvelée, une fois le délai de 90 jours arrivé à terme.
Moutiou Adjibi Nourou
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