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Au Kenya, la controverse autour des nouvelles taxes souligne le difficile arbitrage auquel doivent faire face les Etats

  • Date de création: 10 juillet 2023 17:09

(Agence Ecofin) - En juin, le président kényan William Ruto a promulgué une nouvelle loi de finances, qui prévoit des hausses d’impôts. Alors que l’Etat a mis fin aux subventions sur l’énergie, cette nouvelle réforme entraîne une levée de boucliers de l’opposition et d’une grande partie de la population.

Depuis plusieurs jours, le Kenya est en proie à des contestations qui ont fait au moins deux morts selon des informations rapportées par l’AFP. Vendredi 7 juillet, des milliers de manifestants sont sortis dans les rues à l’appel de l’opposition menée par l’ancien candidat Raila Odinga.

Au cœur de ce bras de fer avec le pouvoir, la nouvelle loi de finances qui prévoit une hausse des impôts. Promulguée le 26 juin dernier par le président William Ruto, la Loi de finances 2023 prévoit le doublement de la taxe sur la valeur ajoutée de 8 % à 16 % pour le carburant, et une taxe de 1,5 % sur le logement. Les créateurs numériques seront soumis à une taxe de 5 %, tandis que les prélèvements sur les paris et les assurances seront respectivement de 12,5 % et 16 %.

Si ces hausses d’impôts sont aussi controversées, c’est parce qu’elles interviennent dans un contexte particulièrement difficile pour le Kenya, confronté à une hausse du coût de la vie depuis plusieurs mois.

Au début de l’année, l’inflation en glissement annuel au Kenya s’était affichée à 9 %. Bien qu’elle ait légèrement reculé, elle reste à 7,9 % en juin (0,4 point au-dessus de la limite supérieure de la fourchette cible de la Banque centrale) portée par les prix du transport, du logement et de l’énergie entre autres.

De ce fait, les opposants à ces nouvelles taxes craignent qu’elles ne rendent plus difficile la vie des citoyens dans ce pays où la Banque mondiale estime à 25,8 % la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

« Immédiatement après l’adoption de la loi de finances, le prix de l’essence et du diesel a augmenté, et le coût des déplacements est monté en flèche », a indiqué Gacheke Gachihi, coordinateur du centre de justice sociale de Mathare, qui a co-organisé la manifestation.

Protéger le pouvoir d’achat de la population ou assurer la stabilité macroéconomique

Il faut dire que dans un contexte marqué par une pénurie de financement pour les Etats africains, le Kenya, comme plusieurs de ses pairs, est confronté à des difficultés économiques qui l’obligent à réaliser des arbitrages délicats. Depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19 en 2020, les pays africains ont dû batailler pour trouver les financements nécessaires pour assurer la résilience économique, tout en déployant des mesures sanitaires et de protection sociale. Et avec l’arrivée de la crise ukrainienne les difficultés ont été intensifiées.

Beaucoup de pays ont dû alors se tourner vers les institutions multilatérales comme la Banque mondiale ou le FMI, qui conditionnent leur aide à certaines réformes macroéconomiques généralement peu populaires. Parmi celles-ci figure la suppression des subventions sur l’énergie, un outil longtemps utilisé par les dirigeants pour protéger le pouvoir d’achat de leur population.

Bien qu’il ne soit pas sous un programme avec le FMI, le Nigeria a lui aussi annoncé la suppression des subventions sur l’énergie. Cette réforme a entraîné de nombreuses manifestations dans le pays, mais le nouveau président Bola Tinubu a insisté sur sa pertinence, dans un contexte économique particulièrement tendu.

Dans le même temps, le Kenya, qui a aussi mis fin à ces subventions, doit également honorer des échéances de dette, dont une euro-obligation de 2 milliards $ qui arrive à maturité en juin 2024, alors que les conditions sur le marché international rendent le refinancement de cette dette difficile.

Tout en maintenant les dépenses essentielles dans ses projets de développement, l’Etat se retrouve donc à devoir assurer la stabilité macroéconomique en réduisant les pressions sur la dette, tout en implémentant des réformes visant à augmenter l’argent dans les caisses de l’Etat, dans un contexte où les financements extérieurs se font rares.

Pour William Ruto, qui a toujours clamé qu’il emprunterait le moins possible sur les marchés étrangers, la mobilisation des ressources intérieures à travers l’amélioration de la collecte des impôts reste le meilleur moyen de répondre à ces défis.

« Lorsque je suis entré en fonction, j’ai dû prendre des décisions difficiles. J’ai mis fin à plusieurs subventions qui étaient distribuées à gauche, à droite et au centre. Nous avons également dû procéder à de nombreux changements et réorganiser l’ensemble du budget, car nous nous trouvions face à un pays qui se dirigeait vers la faillite », a-t-il déclaré dans une interview accordée aux médias locaux.

« Nous ne sommes pas en train de nous surtaxer. En fait, je veux faire passer les impôts à 16 % du PIB, car nous devons être réalistes. Si nous ne payons pas d’impôts, nous ne pouvons pas être dans la même ligue que les pays auxquels nous voulons ressembler », a-t-il ajouté.

Pour l’heure, ses réformes restent vivement contestées. Vendredi 7 juillet, la Haute Cour de Nairobi a suspendu la mise en œuvre de la nouvelle loi de finances après qu’un membre du parlement affilié à l’opposition a déposé un recours pour contester sa légalité constitutionnelle. Une décision qui, selon plusieurs observateurs, n’empêchera pas le gouvernement de tout mettre en œuvre pour poursuivre son programme.

Moutiou Adjibi Nourou


Moutiou ADJIBI NOUROU
 
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