(Agence Ecofin) - Au Bénin, le recensement administratif à vocation d'identification de la population (RAVIP) a été lancé, ce mercredi 1er novembre 2017, à Akpakpa, un quartier de la capitale économique, Cotonou.
Initié par le gouvernement, le Ravip est un projet qui ambitionne de doter le pays d’un fichier numérique national comportant l’identité de tous les citoyens. Aussi, devrait-il permettre aux autorités à divers niveaux de disposer des registres communaux des personnes physiques qui serviront de base de données à la production de documents tels que la carte d’identité nationale numérique, le passeport, et le permis de conduire.
Ainsi, le Ravip dotera chaque Béninois, enfant comme adulte, d’un numéro d’identification unique. Selon le professeur Joseph Djogbenou, ministre de la Justice et président de la commission de supervision du RAVIP, cité par RFI, « C’est à partir de ce numéro que tous les actes de la vie civile, de la vie politique, seront accomplis. Et cela va déboucher sur une carte nationale d’identité numérique. C’est l’un des actes importants de notre entrée dans la modernité».
Mais si les Béninois restent encore indifférents à ce nouveau recensement, c’est en partie à cause de ceux déjà effectués dans un passé récent, notamment la LEPI (Liste électorale permanente informatisée). Pompeusement annoncée comme le remède aux fraudes électorales, cette liste (Lépi) n’a été finalement que la base de données de toutes les contestations, tant plusieurs hommes politiques ont déploré l’utilisation qui en a été faite.
L’autre contestation par rapport au Ravip est l’opérateur choisi pour sa réalisation : le groupe français Safran. Selon des médias locaux, cette compagnie aurait été sélectionnée au « gré à gré ». Le jeune député, Guy Dossou Mitokpè, ancien proche du régime en place, tire sur Safran, évoquant ses sombres antécédents dans d’autres pays de la sous-région. Selon l’ancien président de la FNEB (Fédération nationale des Etudiants du Bénin), l’un des artisans du sacre du président Talon, avant que la loi sur le Ravip ne soit votée, le marché avait été déjà attribué à Safran. La société civile et les fragments qui restent de l’opposition n’entendent pas revivre le calvaire de la LEPI qui a laissé de mauvais souvenirs.
Interviewé par le quotidien La nouvelle Tribune, Candide Azannaï, ancien ministre de la Défense du Président Talon, n’a pas tenu sa langue dans sa poche : « le Ravip regorge de pièges et de suspicions », s’est-il indigné.
Fiacre E. Kakpo
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