(Agence Ecofin) - Face à l’aggravation de la crise économique, de la hausse du chômage et des déficits publics en France, de nombreux sénateurs français s’inquiètent de la capacité de la France à l’horizon 2015 de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide public au développement (APD). En 2011, ce montant s’élève à 0,46% contre 0,50% en 2010. Leurs préoccupations ont été exposées hier au Sénat dans le cadre de l’examen de la loi de finance 2012. Henri de Raincourt, ministre en charge de la Coopération, a tenté de les rassurer en promettant que la France tiendrait ses engagements.
Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, a souligné que malgré le non respect des engagements de Gleneagles qui consistent à orienter 0,7% du PIB vers le développement du Sud, la France « est le troisième bailleur mondial et pour la première fois de l'histoire, en 2010, l'aide française a dépassé 10 milliards d'euros ! »
Il a ajouté que : « La France a d'autres vocations que de devenir un grand bureau d'études gratuit, sans contrepartie. On ne peut pas accorder plus de 10 milliards d'euros au titre de l'APD sans se demander comment nos emplois pourraient en tirer profit. » Cette déclaration du secrétaire d’Etat semble faire écho aux préoccupations d’entreprises françaises confrontées à une rude concurrence des « émergents » et à la question de « l’immigration » qui a suscité une déclaration récente du ministre de l’intérieur Claude Guéant selon laquelle « la France accueillait trop d’étrangers en situation régulière. »
Plusieurs précisions nuançant les déclarations de M. Lellouche ont été apportées par les rapporteurs Christian Cambon (UMP) et Jean-Claude Peyronnet (PS) : « L’aide au développement constitue un des éléments du statut international de la France par lequel elle manifeste une vision du monde au-delà de ses intérêts propres. La coopération internationale est un des volets de politique étrangère d'influence dans des pays du Sud qui font l'objet d'une concurrence accrue entre les grandes nations. (…) La France souhaite participer à la mise en place de politiques de gestion des biens publics mondiaux de plus en plus incontournable, une politique qui constitue un volet important de la sécurisation de l'environnement international de la France (…) La part des entreprises locales sur les marchés financés par l’AFD au cours des 5 dernières années s’élève à 45%, tandis que celle des entreprises françaises s’élève à 65% des 55% restants. (…) Nous avons toutes les raisons de penser que si l'Afrique et le Maghreb offrent suffisamment de perspectives d'emploi à leurs populations, le nombre des candidats au départ vers l'Europe diminuera. La question du sous-développement et du sous-emploi, en particulier dans la zone sahélienne mais également dans le Maghreb, est bien à l'origine de la pression migratoire que connaît l'Europe à ses frontières. (…) Les moyens réellement dégagés pour accompagner le printemps arabe ne sont pas la hauteur de l'enjeu historique »
Parts de marché selon le pays d'origine des attributaires sur les contrats financés par l'AFD dans les états étrangers au titre de l'aide-projet (source : AFD)
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