(Agence Ecofin) - Selon EXX Africa, une firme d’intelligence stratégique focalisée sur l’Afrique, le Mozambique court désormais un risque de défaut suite à la découverte d'une dette de plus de 1 milliard $, qui n'avait pas été révélée aux partenaires multilatéraux et aux investisseurs internationaux. Cette dette, dans un premier temps niée par le ministre mozambicain des Finances, a finalement été reconnue par le Premier ministre Carlos Agostinho do Rosario qui s’est aussitôt rendu Washington pour tenter de s’expliquer auprès des institutions internationales.
Mais les dégâts sont faits. Depuis la décision prise par le FMI d'annuler sa visite de travail à Maputo, la principale obligation internationale du Mozambique a vu son taux grimper et atteindre les 14,3% au 22 avril 2016, les investisseurs craignant désormais que le pays ne puisse plus refinancer sa dette.
Tout est parti d'un plan mis en œuvre pour la restructuration d'une dette restante de 697 millions $ due par l'entreprise publique Ematum et garantie par l’Etat. Au cours de ce processus, les groupes Crédit Suisse et VTB Bank (Russie) ont remis une note d'information, dans laquelle apparaissait l'existence d'une autre dette de 800 millions $, garantie par l'Etat mozambicain. Dans ses recoupements le Wall Street Journal dit avoir découvert que ces emprunts cachés ont servi à financer des dépenses militaires. Dans une de ses brèves, Bloomberg fait savoir que, selon une personne proche du dossier, Credit Suisse et VTB Bank avaient la conviction que le gouvernement ne cachait rien au FMI. VTB Bank a assuré que les choses se sont déroulées dans le respect du droit international.
Certains observateurs n'hésitent pas à comparer la situation actuelle du Mozambique à celle de la Grèce qui avait maquillé ses comptes pendant de longues années, même si les proportions et les volumes ici sont bien plus faibles. Ce pays d’Afrique australe, qui dispose de réserves de gaz gigantesques et dont les perspectives de croissance étaient jugées jusque-là positives, fait aujourd'hui face à une crise, principalement due à la baisse des prix des matières premières, notamment le charbon. Dans ces conditions, sa devise locale (Metical) a fortement reculé contre le dollar américain, rendant difficile le remboursement de son importante dette essentiellement libellée en devises étrangères.
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