(Agence Ecofin) - La proposition faite par les autorités éthiopiennes aux créanciers privés comprend un report de l’échéance de l’eurobond initialement prévue pour 2024, une réduction du taux d’intérêt et un échelonnement des paiements intermédiaires.
Les détenteurs des euro-obligations de l’Ethiopie ont rejeté une proposition du gouvernement portant sur la restructuration d’un eurobond d’un milliard de dollars, poussant ainsi le pays qui avait demandé la restructuration de sa dette extérieure au titre du Cadre commun du G20 depuis début 2021 vers le défaut de paiement, selon un communiqué publié le vendredi 8 décembre par le ministère éthiopien des Finances.
« Malheureusement, dans le laps de temps qui s'est écoulé entre le début des discussions avec les détenteurs des euro-obligations et la date de paiement des intérêts, un accord n'a pas pu être trouvé », a précisé le ministère, indiquant avoir présenté « une proposition de restructuration initiale, puis après une contre-offre des détenteurs d'obligations, une proposition finale ».
La proposition faite aux créanciers privés dans le cadre des discussions restreintes comprend un report de l’échéance de l’eurobond initialement prévue pour 2024, une réduction du taux d’intérêt et un échelonnement des paiements intermédiaires, a-t-on ajouté de même source. Il s’agit plus précisément d’un calendrier d'amortissement allant de juillet 2028 à janvier 2032 et d’une réduction du taux d'intérêt nominal de 6,625 % à 5,5 % dont 2,5 % seraient capitalisés pendant la période quadriennale de la mise en œuvre d’un programme de réformes appuyé par le Fonds monétaire international (FMI).
Suite au rejet de sa proposition, le ministère des Finances a indiqué avoir informé ses créanciers privés qu'il « ne serait pas en mesure de payer les intérêts de 33 millions de dollars dus le 11 décembre 2023 », en raison des « pressions externes aiguës sur les liquidités ».
Il a également annoncé qu’il allait « élargir son engagement avec les détenteurs de son euro-obligation », et « organiser une réunion avec les investisseurs internationaux cette semaine pour présenter une probable proposition en rapport avec l’eurobond ».
Un échec qui met à nu les défaillances du Cadre commun du G20
Dans un communiqué séparé, le comité de détenteurs d'obligations a déclaré qu'il considérait la décision d’Addis-Abeba de ne pas effectuer le paiement du coupon de 33 millions de dollars comme étant « à la fois inutile et malheureuse », et déploré la présentation au comité de cette décision « comme un fait accompli ». Il a cependant indiqué qu’il « reste ouvert à un engagement constructif et proactif avec les autorités éthiopiennes ».
Le gouvernement éthiopien dispose d'un délai de grâce de 14 jours avant d'être considéré comme défaillant, selon le prospectus de l’eurobond.
L’Ethiopie n'a pas fait défaut sur le paiement de sa dette. Ce pays de la Corne de l’Afrique avait cependant demandé, début 2021, une large restructuration de sa dette extérieure au titre du Cadre commun du G20. En parallèle, Addis-Abeba a sollicité un programme d’aide auprès du FMI. Mais les deux requêtes ont jusque-là fait du surplace. Le FMI avait indiqué que tout accord sur un nouveau programme d’aide en faveur de l’Ethiopie nécessitait des engagements clairs de la part des partenaires de développement et des garanties de financement de la part des créanciers. De son côté, le comité de créanciers officiels a exigé un accord de principe entre l’Ethiopie et le FMI avant de se prononcer sur l’allègement de la dette.
Quoi qu’il en soit, le rejet de la proposition faite par les autorités éthiopiennes aux détenteurs des euro-obligations met à nu les défaillances du Cadre commun du G20 sur le traitement de la dette. L’une de ces défaillances est que les pays qui cherchent à restructurer leur dette se trouvent réduits à négocier des accords « sur mesure », qui ne tiennent pas compte de la capacité des débiteurs à rembourser et à maintenir leurs dépenses essentielles.
Le mécanisme du G20 ne clarifie pas aussi les différentes étapes et échéances du processus et ne prévoit pas une suspension totale et ininterrompue du service de la dette pendant la durée des négociations pour soulager le pays débiteur au cours d’une période difficile. Il ne précise pas par ailleurs les modalités d’application de la participation des créanciers privés au processus de l’allègement de la dette à des conditions comparables à celles des créanciers officiels, une mesure visant à surmonter les difficultés liées à l’action collective et à veiller à une juste répartition de la charge.
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