(Agence Ecofin) - Les banques kényanes ont lancé un vaste mouvement de recouvrement de leurs créances en retard de remboursement chez les clients. Pour plusieurs personnes, cela signifie parfois perdre des biens précieux, et la spirale n’est pas près de s’arrêter.
Au Kenya, les ventes aux enchères sur les biens placés en garantie des crédits bancaires sont en hausse. Le volume des créances douteuses selon la Banque centrale a atteint 432,4 milliards de shillings kényans (environ 4 milliards $) au 28 février 2021. Cela représente 14,5% de l'encours global des créances accordées par les banques à l'économie, et c'est le niveau le plus élevé depuis 13 ans.
Cette actualité montre surtout l'inefficacité des reports de remboursement de crédit instaurés par la Banque centrale du Kenya en 2020, pour éviter une asphyxie financière des entreprises et des ménages, alors que comme dans beaucoup de pays du monde, l'économie locale a marqué un coup d'arrêt. Les acteurs qui sont sur la chaîne de valeur des activités touristiques sont ceux qui ont le plus souffert.
Plusieurs personnes devenues sans emplois et donc sans revenus, de même que plusieurs petites entreprises qui ne pouvaient réaliser du chiffre d'affaires se sont retrouvées dans l'incapacité de rembourser leurs crédits. Cette situation a négativement impacté les banques, à l'instar d'Equity group, premier groupe bancaire du pays en termes de rentabilité.
Malgré des revenus de 93,6 milliards de shillings en 2020, en hausse de 23,6 % comparé à ceux de 2019, son bénéfice net est ressorti en baisse de 12% à seulement 19,7 milliards de shillings. Il a dû au passage reconnaître pour 50,8 milliards de créances douteuses, en hausse de 58,6%.
Pour retourner la situation, les banques n'ont autre choix que d'accélérer les recouvrements de créances. Une initiative qui n'est pas gagnée d'avance. En raison de la deuxième vague de la covid-19, les autorités du Kenya ont mis en place de nouveaux confinements. Une décision qui expose davantage les banques à la montée des créances douteuses, si la Banque centrale ne se montre pas souple sur ce principe.
Idriss Linge
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