(Agence Ecofin) - La Société des Eaux Minéralières du Cameroun (SEMC), plus connue sous sa marque Tangui, tiendra ce mardi 15 mai 2018 une assemblée générale qui s’annonce chargée de défis. Pour la deuxième année consécutive, l’entreprise a terminé sur un résultat négatif et, à la fin 2017, cette perte a été de 936,8 millions de FCFA
Mais derrière cette contreperformance, se cache un volume important d’efforts réalisés par les dirigeants de la société, pour revenir à la rentabilité. A la lecture du bilan de l’entreprise pour le compte de l’exercice 2017, on note qu’elle est parvenue à réduire ses charges d’exploitation de près de 1,4 milliard de FCFA.
Toutefois, les ventes de produits fabriqués n’ont pas suivi, et se sont situées en 2017 à seulement 6 milliards de FCFA, contre 9,3 milliards de FCFA en 2016. Dans ces conditions, la marge d’exploitation (différence entre les charges et les ventes) a été de 1,4 milliard de FCFA. Mais l’entreprise a dû faire face à des dépenses de personnels de près d’un milliard et des provisions pour les amortissements d’environ 1,8 milliard de FCFA.
Chez SEMC on commente peu les raisons de ce niveau de performance. Mais il faut dire que le marché des eaux conditionnées au Cameroun est fortement déstructuré par l’entrée d’acteurs moins formels. A côté de sociétés plus formelles, on retrouve plusieurs vendeurs d’eau, qui n’ont pas le même niveau d’exigences et de charges, tant sur les ressources humaines, que sur la qualité des produits.
A la fin de l’exercice 2017, le marché de l’eau en bouteille a connu la vente de 2, 2 millions d’hectolitres selon des sources proches du secteur, dont une part de 65% pour Source du Pays, 30% pour la SEMC et 5% pour les autres. Avec la crise anglophone, la progression globale a été difficile.
Mais on peut aussi noter que la marque Supermont, produite par Source du Pays, a gagné des parts sur deux sections. D’une part, elle a connu une baisse de ses prix sur le marché et, d’autre part, elle a eu des coéquipière suite à l’acquisition d’autres marques par Source du Pays. Toutefois, il reste difficile de savoir comment cette dernière a financé cette acquisition et parvient à soutenir des prix bas.
Elle est protégée par la prérogative du pacte des actionnaires que confère l’OHADA et ne publie pas ses comptes, au contraire de la SEMC qui est cotée sur la Douala Stock Exchange.
Mais un expert analysant la situation indique que Source du Pays a bénéficié d’exonérations fiscales importantes, profite d’un environnement où le contrôle de qualité n’est pas suffisamment rigoureux de la part des autorités et investit essentiellemet sur des stratégies de court terme comme le marketing des prix. Or dans le même temps SEMC doit s’aligner sur des standards internationaux que lui imposent les partenaires internationaux (Vichy Saint Yorre), de sa maison mère, le Groupe SABC
Une fois de plus les actionnaires de SEMC ne devraient pas recevoir des dividendes pour l’exercice 2017, mais peuvent espérer que les choses iront dans un meilleur sens en 2018. Chez SEMC, dont les activités ont été consolidées au sein du groupe maison mère, la bataille est de revenir en force sur le marché des eaux et reprendre des parts à Source du Pays. Mais il faudra pour cela un environnement favorable, or la fiscalité d’accise appliquée au Cameroun sur un produit essentiel comme l’eau, peut rapidement devenir un défi difficile à surmonter.
Idriss Linge
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