(Agence Ecofin) - Regroupées en associations, des femmes rurales de la commune de Djirataoua ont développé une activité de commercialisation et de transformation du moringa. Grâce à cette plante, elles apportent une contribution importante à l’économie de la localité.
Impliquées dans le circuit de vente, les femmes de la commune rurale de Djirataoua au Niger proposent du moringa brut et ses dérivés. Elles mettent sur le marché Fada qui se tient chaque jour, les récoltes acheminées par moto, charrette, vélo et même sur la tête, pour les industriels et les intermédiaires. Regroupées au sein de l’Union Jindadi ou de l’Union Marhaba, elles participent à l’épargne et aux dépenses liées à l’activité. Les revenus générés leur permettent de subvenir aux besoins de leurs familles.
Tchima Mamadou est la présidente de l’Union Jindadi. Sur l’ONEP, elle dit y être impliquée depuis une vingtaine d’années.
« C’est grâce à ce que je gagne dans cette activité que j’ai organisé le mariage de 5 de mes enfants. C’est aussi grâce à cette activité que je prends en charge la scolarité de mes enfants et de certains de mes petits. Aujourd’hui, j’ai construit une maison ».
Dans le prolongement des activités de production, une des femmes de Djirataoua, Rabi Maman Amani, a créé une entreprise de transformation. Elle préside également le groupement de transformatrices de moringa appelé ‘’Anfanin Zogala‘’ et l’Union Marhaba. Avec ses collègues, elles fabriquent de la poudre utilisée comme complément alimentaire, épice ou savon. Elles produisent aussi de l’huile essentielle de moringa. Son entreprise emploie à ce jour vingt personnes.
A travers leurs groupements, les femmes de Djirataoua ont développé des initiatives pour l’épargne et la solidarité. Chaque membre verse une cotisation de 250 FCFA par semaine. La somme constituée est utilisée comme capital pour l’achat de nouvelles récoltes, la location ou l’achat de parcelles qu’elles exploitent pour la production. A travers ce commerce, elles construisent leur autonomisation économique et participent aux dépenses dans leurs foyers.
Pour Tchima Mamadou, le moringa a permis à de nombreux jeunes et à des femmes de tirer un trait sur l’exode rural.
« Si ailleurs les gens sont fiers parce qu’ils ont de l’or, du pétrole et d’autres richesses minérales, à Djirataoua nous avons aussi notre or et notre pétrole, c’est le moringa. Dieu merci, nous produisons, nous consommons et nous vendons la part plus importante de la production ».
Toutefois, elles rencontrent certaines difficultés, notamment le manque de moyens pour acheter des équipements modernes. La plateforme de séchage qu’elles utilisent se limite à un petit espace cimenté dans un magasin abandonné. Le travail est harassant, les femmes étant obligées de rester au soleil pendant de longues heures à tourner et retourner les feuilles pour un séchage homogène. Pour aller vers une véritable industrialisation, elles espèrent un appui de partenaires publics et privés.
Malgré les difficultés, elles ont réussi à imposer leur activité dans la commune de Djirataoua et dans les villages environnants comme Aguié, Tessaoua ou encore Madarounfa, ou elles enregistrent une clientèle grandissante. Leurs prouesses leur ont déjà valu des voyages dans d’autres zones du Niger dans le cadre du partage d’expérience, des foires et des formations.
Aïsha Moyouzame
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