(Agence Ecofin) - Autrefois vendeuse de bouillie, Clarisse Kaboré a réussi à épargner de l’argent pour créer une entreprise de transformation de céréales locales. Sensible aux inégalités de genre, elle s’est donné pour mission de participer à l’autonomie financière des femmes à travers son initiative.
Située dans la localité de Kamboincé, périphérie de Ouagadougou, l’Unité de transformation de céréales du Faso (UTCF) propose des produits du terroir comme du sorgho, du couscous, de riz précuit, du tapioca, du fonio, des biscuits de maïs entre autres. Ses employés, des femmes pour la plupart, s’attèlent à décortiquer, vanner, cuisiner et conditionner les céréales. L’usine en produit plus de 20 tonnes par mois.
Clarisse Kaboré, la fondatrice, confie sur Le Monde qu’elle a commencé son aventure entrepreneuriale en fabricant de la bouillie de mil qu’elle vendait devant sa maison. Au fil des années, elle a inventé de nouvelles recettes à succès. Elle a alors décidé d’investir les bénéfices réalisés des équipements, puis dans un local. C’est ainsi qu’elle a réussi à lancer l’UTCF en 2003. Plus tard, elle a décroché des financements auprès de plusieurs organisations et développé son entreprise.
Dans un contexte où le manque d’opportunités économiques et la précarité du travail fragilisent les femmes, Clarisse Kaboré s’est donné pour objectif de créer une entreprise à la fois rentable et solidaire pour lutter contre la vulnérabilité des femmes sur le marché de l’emploi. Selon l’enquête sur la transition vers la vie active (ETVA) au Burkina Faso menée en 2019, le taux de chômage des jeunes femmes est à près de 20 % en milieu urbain.
Pour pallier ces inégalités, Clarisse Kaboré a mis en place un système d’épargne collective communément appelé tontine. Chaque mois, les femmes prélèvent une partie de leur salaire qu’elles placent dans un pot commun, distribué à tour de rôle. L’entreprise prend également en charge les soins médicaux du personnel, leur alimentation, mais aussi une partie des besoins de leurs enfants, comme l’achat des fournitures scolaires.
A ses débuts, Clarisse a rencontré de nombreux obstacles, notamment la gestion des stocks et l’activité qui s’opérait encore de façon manuelle. En mars 2020, le programme Hub-IIT, développé par Tech-Dev, une association française impliquée dans le développement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), a fourni un accompagnement à l’UTCF. Le hub l’a aidée à recruter un gérant et à réaliser des fiches de suivi et de contrôle de l’hygiène, puis à s’équiper d’un tamiseur électrique et de séchoirs solaires adaptés.
Depuis qu’elle s’est lancée, Clarisse Kaboré a recruté une trentaine de personnes, contribuant à petite échelle à la création d’emplois pour les personnes les plus vulnérables de la société. Elle approvisionne à ce jour une quarantaine de boutiques à travers le pays. A présent, l’entrepreneure travaille sur un plan d’aménagement pour agrandir ses locaux.
Aïsha Moyouzame
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