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Un rapport produit par la Fondation Friedrich-Ebert scrute l’énorme potentiel inexploité des énergies renouvelables en Algérie

  • Date de création: 20 septembre 2022 10:26

(Agence Ecofin) - Le désert algérien, qui couvre 80 % de la superficie du pays, bénéficie de 2000 à 3000 heures d'ensoleillement par an. A lui seul, il pourrait générer plus de 169 400 térawatts par heure, soit 5000 fois la consommation nationale annuelle d'électricité.  

La forte dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures, qui représentent 93,6 % des recettes d'exportation et environ 50 % du budget de l’Etat, constitue le principal obstacle qui empêche ce vaste pays d’Afrique du Nord d’exploiter son énorme potentiel dans le domaine des énergies renouvelables, a estimé Imane Boukhatem dans un rapport produit par la fondation allemande Friedrich-Ebert et publié le 2 septembre 2022.

Intitulé « Les défis de la transition énergétique dans les pays exportateurs de combustibles fossiles -Le cas de l’Algérie », ce rapport précise que l’Algérie est bien placée, de par sa géographie et son climat, pour devenir un important producteur et exportateur d'énergies renouvelables.

Le plus grand pays africain par sa superficie bénéficie de 2000 à 3000 heures d'ensoleillement par an dans son désert, qui couvre 80 % de la superficie du pays, et dont la température de surface est la plus élevée au monde.

En théorie, ce territoire désertique pourrait générer à lui seul plus de 169 400 térawatts par heure (1 térawatt = 1 000 000 mégawatt), soit 5000 fois la consommation nationale annuelle d'électricité.

En raison de la proximité de l'Algérie avec l’Europe, de son immensité géographique et de sa réputation d'exportateur d'énergie fiable, les scénarios d'exportation d'énergies renouvelables sont également très viables.

L’auteur précise que les divers programmes ambitieux de développement des énergies renouvelables lancés en Algérie depuis 2011, dont le Programme national de développement des énergies renouvelables (PNDER) qui vise à atteindre une capacité de production d'électricité renouvelable de 22 000 mégawatts (MW) à l'horizon 2030, n’ont pas atteint les résultats escomptés. Le pays ne dispose aujourd’hui que d’une capacité installée d’environ 425 MW de capacité solaire.

La mise en œuvre des divers programmes de développement des énergies renouvelables a été entravée par plusieurs obstacles au premier rang desquels figurent le manque d’un engagement politique sérieux en faveur d’une véritable transition énergétique.

Les élites politiques ont intérêt à maintenir le statu quo

Depuis les années 50, les revenus du pétrole et du gaz ont joué un rôle essentiel dans la satisfaction des besoins fondamentaux de la population algérienne et dans la garantie d'un niveau de vie supérieur à celui de nombreux pays de la région. Dans le même temps, des élites politiques puissantes s'emparent d'une grande partie de la rente pétrolière et gazière, et bénéficient de manière disproportionnée de « l'économie extractiviste » actuelle.

Le rapport souligne que l’importante distance entre les centres de demande et les centres d’approvisionnent représente également un obstacle à l’exploitation du potentiel solaire et éolien en Algérie. Les centres de demande sont situés dans le nord du pays, où la densité urbaine empêche l’installation de grands projets. En revanche, l'offre se trouve dans le Sahara, dans la moitié sud du pays, où le rayonnement solaire et l'espace géographique sont abondants.

Les subventions aux produits énergétiques constituent d’autre part un frein supplémentaire à la transition énergétique. Les ménages algériens paient l'équivalent de 0,038 $ par kilowattheure (KWh) pour l'électricité (1/7e du prix payé au Royaume-Uni). Les entreprises ne paient, quant à elles, que 0,033 $ par kWh. Ces prix ne représentent que le tiers du coût de production.

Par ailleurs, la remontée des prix du pétrole et du gaz depuis le début de la guerre en Ukraine constitue un nouvel obstacle à la transition vers une énergie verte, car elle favorise la mentalité extractiviste et rentière, et provoque une poussée vers davantage de forages pour les combustibles fossiles, en particulier dans le contexte actuel où l'Union européenne (UE) cherche se sevrer du gaz russe en diversifiant ses sources d’approvisionnement. Certains signes indiquent déjà que c'est la direction prise par les classes dirigeantes algériennes. Ces dernières ont accepté récemment de pomper davantage de gaz vers l'Italie, et elles envisagent désormais d'explorer et d'exploiter de nouveaux gisements, avec l'aide de majors énergétiques européennes.

Imane Boukhatem recommande dans ce cadre aux autorités algériennes de changer leur fusil d’épaule et de profiter de l’actuelle flambée des prix des hydrocarbures pour engager des fonds importants dans la transition énergétique, afin de conserver la position d’exportateur majeur d’énergie du pays dans l’ère post-hydrocarbures et d'offrir un avenir sûr aux Algériens sur le long terme.

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