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Cameroun : avaries constatées sur le chantier du barrage de Nachtigal, la NHPC rassure sur les réparations et les délais

  • Date de création: 22 novembre 2023 08:44

(Agence Ecofin) - Un mois après la mise en eau du barrage de Nachtigal effectuée par les autorités, des fissures et infiltrations d’eau ont été notées sur l’ouvrage, de quoi craindre un retard dans le calendrier de mise en exploitation. À la date du 31 octobre 2023, le taux d’avancement du projet est de 91%.

Après une visite du chantier du barrage hydroélectrique de Nachtigal, à titre de suivi régulatoire des investissements du secteur de l’électricité et visant à faire le point de leur conformité aux préconisations légales, une délégation de l’Agence camerounaise de Régulation du Secteur de l'Electricité, a relevé des avaries sur l’ouvrage.

Ainsi, sur le barrage déversant à seuils labyrinthes, des fissures verticales et horizontales sont visibles respectivement entre les joints de plusieurs plots et sur les joints corps de structures, avec des infiltrations d’eau. Sur le bassin de dissipation du barrage déversant, des dégradations précoces et accélérées des bétons sont observées, tandis qu’il y a des fissures verticales sur la paroi de la prise d’eau d’usine et des fuites d’eau à sa base au moment de la mise en eau du canal d’amenée, suggérant un problème de raccordement avec ce dernier.

On craint que ces avaries signalées fin août repoussent la date de livraison du barrage ainsi que sa mise en service commerciale prévue pour septembre 2024, avec une production de 420 MW. Le temps de permettre à la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), entreprise contrôlée à 40% par Électricité de France (EDF) et à 20% par la Banque mondiale via la Société financière internationale, de faire procéder aux réparations les entreprises chargées des travaux.

« Au regard de cette situation préoccupante, je suggère les actions suivantes : la transmission par la NHPC au régulateur du rapport complet présentant les natures et profondeurs des anomalies observées, toutes les solutions pertinentes pour leurs corrections, le calendrier relatif aux travaux de mise en œuvre urgente des réparations et renforcements des structures des ouvrages […], la liasse documentaire technique et financière des travaux de construction des ouvrages […] en préparation à l’audit de régulation y afférant que conduira le régulateur en temps opportun » déclare le DG de l’ARSEL, Jean Pacal Nkou.

Le régulateur demande aussi à la NHPC un calendrier des réparations de ces avaries affectant l’intégrité et la viabilité de la plus grande infrastructure de production d’énergie électrique jamais construite dans le pays. De quoi motiver la descente sur le chantier du ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, accompagné d’Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire et d’Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

« Lors des essais de mise en eau du barrage, il y a effectivement eu des fuites au niveau des joints. L’objet de ces essais est précisément de les manifester pour pouvoir les réparer par des injections. Il y a également des pressions sous-jacentes importantes qui sont drainées par des drains et qui doivent couler pendant toute la durée de l’ouvrage. Il n’y a donc rien d’inquiétant » leur a assuré, Vincent Leroux, DG de la NHPC, évoquant les audits de divers bureaux de contrôle.

« Il s’agit du bureau Veritas pour nous-même ; les prêteurs ont aussi un bureau de contrôle international qui vient régulièrement, et enfin, dans le cadre du contrat de concession, il y a l’assistance technique du ministère de l’Eau et de l’Énergie qui vient effectivement faire des missions et qui a pu rassurer le ministre sur la bonne tenue des ouvrages. Quelque chose qui a pu être constaté aujourd’hui par l’ensemble des visiteurs. Il n’y a donc ni fuite ni péril sur cet ouvrage qui respecte toutes les règles de l’art » poursuit-il.

Quant au calendrier de livraison, il déclare que « les travaux avancent sereinement. NHPC et l’ensemble des partenaires techniques du projet sont résolument engagés pour livrer le 1er des 7 groupes de l’aménagement, soit 60 MW, fin décembre dans les meilleures conditions de qualité, de santé et de sécurité pour les nombreux travailleurs mobilisés sur ce grand chantier ».

Ce groupe initial prévu pour entrer en service en février 2024 dans le réseau interconnecté Sud qui regroupe 6 des 10 régions du Cameroun, est important pour les perspectives de fourniture électrique dans le pays. Ces dernières, informe Investir au Cameroun, qui risquent de se compliquer alors que se profile la baisse du niveau des eaux dans les barrages dûe à la période d’étiage.

Investissement total de 786 milliards FCFA, le barrage de Nachtigal est censé booster de 30% les capacités de production d’électricité du Cameroun, et augmenter la contribution de l’hydroélectricité dans le mix énergétique national. Cela entrainera des économies substantielles sur les achats de combustibles pour les centrales thermiques d’appoint, dans un contexte où le pays cherche à boucler la mobilisation des 400 milliards FCFA nécessaires aux actions prioritaires de son plan de redressement du secteur de l’électricité.

Selon les accords signés entre le gouvernement camerounais et les développeurs du projet, dont Électricité de France (EDF) et la Société financière internationale (SFI), le concessionnaire du service public de l’électricité ENEO (ou le Trésor public) doit payer 10 milliards FCFA à la NHPC chaque mois à compter de la mise en service commerciale du barrage, avec ou sans consommation de l’énergie produite à Nachtigal.