(Agence Ecofin) - En 2020, la dette extérieure totale du Zimbabwe (publique et privée) s’élevait à 12,7 milliards $, selon la Banque mondiale, en hausse par rapport à l’année précédente. Sur la même période, le PIB s’est contracté de 4,1%, en raison notamment des effets de la crise de covid-19.
Dans un communiqué publié le 16 novembre à l’issue d’une mission menée par ses équipes au Zimbabwe, le Fonds monétaire international (FMI), tout en saluant les efforts menés jusque-là par les autorités pour contenir les pressions inflationnistes, a estimé que le pays ne bénéficiera pas d’un soutien financier de sa part évoquant une « dette insoutenable et des arriérés extérieurs officiels » du pays.
Une décision qui se présente comme une sanction pour un pays qui fait face à une crise économique depuis au moins une dizaine d’années, et qui n’a jamais bénéficié de remise de dette ni de la part du FMI ni de la Banque mondiale qui sont ses principaux créanciers. Selon la Banque mondiale, le PIB du pays est passé de 12 milliards $ à 16,7 milliards $ en 2010 et 2020. Mais sur la même période, elle estime que sa dette extérieure totale est passée de 6,7 milliards $ à 12,7 milliards $, soit 76% du PIB.
Malgré l’arrivée au pouvoir du président Emmerson Mnangagwa (photo) suite à la destitution de Robert Mugabe, l’économie du pays peine à sortir de la crise. Bien que les réformes monétaires engagées par les autorités aient contribué à faire baisser le niveau d’inflation, celle-ci évolue en dents de scie. D’après la Banque mondiale, l'inflation annuelle du pays s'est établie à 50 % en août 2021 contre un pic de 838 % en juillet 2020, suite à « l'introduction d'une gestion des réserves monétaires fondée sur des règles, d'une vente aux enchères de devises et d'un assouplissement de la dédollarisation ». Mais les derniers chiffres de l’Agence zimbabwéenne des statistiques (Zimstat) montrent une nouvelle tendance à la hausse avec un taux d’inflation de 54,4%, en octobre.
Pour Harare qui souhaite bénéficier d’un soutien international, les difficultés que traverse le pays sont directement liées aux sanctions de la communauté internationale à son encontre. M. Mnangagwa ainsi qu’une centaine de personnalités et d’entités juridiques du pays sont sous le coup de sanctions américaines et européennes, depuis près de vingt ans. Des sanctions que les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Union africaine appellent à lever, car constituant « une contrainte et une entrave fondamentales aux perspectives de redressement économique, de sécurité humaine et de croissance durable du pays ». Malgré ces demandes, les Etats-Unis ont décidé en 2020 de prolonger les sanctions en réponse à ce qui a été jugé comme étant une répression d’opposants.
Pour le FMI, la conclusion éventuelle d’un accord financier serait soumise à certains critères. Il s’agit de la mise en place d’une feuille de route claire vers une restructuration complète de la dette extérieure du Zimbabwe, « y compris l'apurement des arriérés et l'obtention de garanties de financement de la part des créanciers ; un plan de réformes compatible avec la stabilité macroéconomique, la croissance durable et la réduction de la pauvreté ; un renforcement du filet de sécurité sociale ; et des réformes en matière de gouvernance et de transparence. »
L’analyse du FMI ne met pas en avant plusieurs aspects. Le premier c’est que le stock global de 12,7 milliards $ de dette représente la totalité de la dette extérieure du pays, y compris celle des entreprises privées qui n’est pas garantie par l’Etat. Aussi, environ 8,4 milliards $ sur ce stock sont dus à long terme. Ce qui place le service de la dette à seulement 18,6% du PIB à la fin de l’année 2020. Enfin, la hausse de la dette sur le PIB a été impactée par une baisse de 4,1% de la création de valeur ajoutée par l’économie zimbabwéenne. La reprise de 5,1% qui est estimée pour 2021 n’aidera pas à combler complètement le gap.
Moutiou Adjibi Nourou
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »