(Agence Ecofin) - Avec la saisie d’une participation de 18% d’une filiale de China Sonangol, l’Etat angolais est devenu l’actionnaire majoritaire de Sociedade Mineira de Catoca.
La société minière de Catoca a annoncé ce jeudi 16 juin, que les autorités angolaises ont saisi la participation de la société chinoise LLI International dans la compagnie minière qui possède la quatrième plus grande mine à ciel ouvert au monde, et assure 75 % de la production de diamants du pays.
« Le bureau du procureur général de la République d'Angola a gelé la participation de LLI International dans Catoca en 2021. Il a ensuite transféré le contrôle de cette participation de 18% à l’Institution de gestion des actifs et des fonds propres de l'Etat (IGAPE) », a indiqué la compagnie minière dans un communiqué, sans préciser les motifs de cette saisie.
Sociedade Mineira de Catoca a également fait savoir que l’Etat angolais détient désormais 59% du capital de la compagnie, à travers l’entreprise publique angolaise Endiama et l’IGAPE, un organisme public qui gère les participations de l’Etat dans les entreprises.
Avant la saisie, le capital de la société minière de Catoca était détenu par LLI International, le groupe russe Alrosa, le plus grand producteur de diamants au monde, et Endiama.
LLI International est une filiale de China Sonangol, une entreprise opérant dans l’exploitation des ressources naturelles en Angola détenue à hauteur de 50% par des investisseurs chinois.
China Sonangol est en effet l’une des plus importantes filiales du groupe Queensway appartenant au magnat des affaires chinois, Sam Pa, qui a conclu plusieurs accords très controversés dans le domaine de l’exploitation des ressources naturelles avec plusieurs Etats africains, dont l’Angola.
Déclin de l’influence chinoise en Angola
China Sonangol a été créé il y a vingt ans en tant que joint-venture entre la société publique pétrolière angolaise Sonangol et le groupe Queensway. Les contrats juteux de revente des matières premières conclus par Sam Pa ont marqué la montée de l’influence de la Chine en Afrique, et plus particulièrement en Angola sous le règne de l’ancien président José Eduardo dos Santos.
On ignore actuellement où se trouve Sam Pa, qui avait été arrêté en 2015 par Pékin dans le cadre d’une vaste affaire de corruption ayant des ramifications en Angola et dans d’autres pays africains.
Contactée par le quotidien britannique Financial Times, China Sonangol a nié toute relation « actuelle » avec Sam Pa. « Nous pouvons affirmer pour mémoire qu'il n'y a aucune relation actuelle avec M. Sam Pa », a précisé l’entreprise, soulignant qu’elle ne peut pas commenter la saisie des parts de LLI International dans Sociedade Mineira de Catoca, étant donné que « l’affaire est actuellement devant les tribunaux angolais ».
Pour certains experts, cette saisie marque le déclin de l’influence chinoise en Angola.
« China Sonangol était liée à l'ancien régime angolais, et a perdu les faveurs de l’actuel président João Lourenço. Avec la saisie de la participation de LLI International, le gouvernement angolais tente de rassurer les investisseurs en leur montrant qu'il est en train de nettoyer le secteur diamantaire », estime Alex Vines, directeur du programme Afrique au sein du think tank londonien Chatham House et expert de l'Angola.
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