(Agence Ecofin) - Le Botswana et De Beers ont un partenariat vieux de plus d’un siècle. L’actuel modèle économique de la compagnie, qui a produit 24 millions de carats de diamants dans le pays en 2022, repose sur la vente de pierres brutes lors de ventes aux enchères dans la capitale Gaborone.
Le président botswanais Mokgweetsi Masisi (photo) a réaffirmé jeudi dernier la volonté de son gouvernement de capter des revenus plus importants de son partenariat avec le géant du diamant De Beers. Non seulement le pays veut une plus grande part des diamants produits par la coentreprise Debswana, mais il souhaite aussi les transformer avant de les céder.
« Outre le fait que les diamants nous appartiennent, il n'est pas logique que nous continuions à nous contenter de participer au marché des pierres brutes. Il est logique que nous voulions plus et que nous obtenions plus », a déclaré le chef d’État, ajoutant que l’expérience de vente de diamants en dehors du système De Beers (qui consiste à les vendre bruts lors de dix grandes ventes aux enchères appelées ‘’Sight’’ chaque année), a montré que le pays peut obtenir des revenus supérieurs à ceux actuellement générés.
Le président fait peut-être référence à l’accord signé depuis quelques années entre le canadien Lucara, l’autre grand producteur de diamants du Botswana, et le belge HB. Pour limiter l’impact de la baisse des prix des diamants sur ses revenus en 2020, au plus fort de la Covid-19, Lucara a en effet conclu un accord avec la société d’Anvers pour polir toutes les pierres de plus de 10,8 carats, avant de renouveler ce partenariat pour une décennie en novembre 2022.
En échange de commissions, HB estime la valeur des diamants grâce à une technologie de pointe, s’occupe de les polir et de les vendre au nom de la compagnie minière. « Le modèle est disruptif […] Il apporte de la valeur, de la transparence et des données. Il permet au mineur et à la nation de passer à un niveau supérieur », explique Rafael Papsimedov, cofondateur de HB Antwerp cité par Bloomberg.
De Beers doit désormais trouver le moyen de contenter le gouvernement botswanais tout en continuant à tirer profit de sa présence dans le pays. La compagnie originaire d’Afrique du Sud produit en effet annuellement à travers Debswana (coentreprise à 50/50 avec Gaborone), 70% de ses diamants (24 millions de carats en 2022) dans le pays. Elle en vend les trois quarts et le solde est cédé à la compagnie publique botswanaise Okavango Diamond Company.
Si De Beers est présente au Botswana depuis plus d’un siècle, le modèle de partenariat décrit plus haut est en vigueur depuis seulement 2011 et expire en juin 2023, après déjà deux renouvellements d’un an. Les deux parties doivent donc tomber d’accord avant cette date pour éviter un vide juridique, alors que le président Masisi a déjà menacé de mettre un terme à cette collaboration s’il n’obtient pas gain de cause.
Emiliano Tossou
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