(Agence Ecofin) - Lors de la COP 14 qui s’est tenue en 2019 en Inde, les pays avaient convenu d’atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres, d'ici 2030. 3 ans après, les Etats parties à la convention de lutte contre la désertification vont entamer de nouvelles négociations pour accélérer le processus.
Ce lundi 9 mai, la Côte d’Ivoire accueille la 15e Conférence des parties (COP 15) de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). A Abidjan, 196 Etats devraient être représentés pour faire le bilan de la lutte mondiale contre l’avancée du désert, et prendre des engagements pour les prochaines années.
Différente de la Conférence des parties sur les changements climatiques, cet événement non moins important réunira plusieurs chefs d’Etat africains. Aux côtés du président ivoirien Alassane Ouattara, on retrouvera le président congolais Félix Tshisekedi qui a atterri à Abidjan dimanche soir, ainsi que les présidents togolais Faure Gnassingbé et nigérien Mohamed Bazoum, entre autres. Un sommet présentiel et en visioconférence des chefs d’Etat devrait inaugurer cette COP 15.
Cependant, l’événement le plus important sera sans doute les dix jours de négociation qui rythmeront la Conférence jusqu’au 20 mai prochain. Il s’agira de trouver un terrain d’entente entre les différentes parties prenantes à la convention, afin de définir des stratégies communes de lutte contre la désertification en prenant en compte les réalités de chaque pays.
La Cote d’Ivoire est fière d’accueillir la #COP15 contre la désertification du 9 mai au 20 mai à #Abidjan.
— Alassane Ouattara (@AOuattara_PRCI) May 8, 2022
Avec les leaders du monde entier et de l’@ONUinfo, nous prendrons des engagements forts pour préserver & restaurer nos terres.
Ensemble à #AbidjanCOP15 ! pic.twitter.com/jMtRaONXWC
D’après l’ONU, l'humanité a altéré 70 % de toutes les terres de la planète et jusqu’à 40 % d’entre elles seraient déjà dégradées. Cette situation menace la survie de la planète en accélérant le changement climatique, entraînant une perte de la biodiversité, la sécheresse, les inondations, la pauvreté et la faim, notamment.
Pour inverser ce processus, les pays s’étaient engagés à restaurer 1 milliard d’hectares dégradés, d’ici 2030, un objectif nécessitant un engagement mondial de 1600 milliards $ pour la décennie en cours. Cependant, cet engagement financier peine à se concrétiser alors que les investissements dans les énergies fossiles et polluantes sont toujours soutenus. A titre d’exemple, les Nations unies estiment que 700 milliards $ sont actuellement investis chaque année à travers le monde dans les subventions aux combustibles fossiles et à l'agriculture. Ce qui équivaut à 7000 milliards $ pour la décennie en cours.
A Abidjan, les pays africains, pourtant plus exposés aux conséquences de la désertification, auront pour objectif d’harmoniser leurs demandes envers les pays riches pour financer les importants projets structurants qui ont été élaborés dans le domaine. Il s’agit notamment du projet de la Grande muraille verte pour le Sahel et le Sahara qui avait obtenu l’année dernière, des promesses de financement d’une valeur de 10 milliards $. L’initiative « Abidjan Legacy Program » présentée comme une solution ambitieuse pour restaurer les terres dégradées devrait également être au cœur des échanges.
« La COP 15 se concentre sur deux thèmes clés : la restauration et l'atténuation de la sécheresse […] Il s'agit d'un appel à l'action visant à garantir que la terre, source de vie sur cette planète, continue de profiter aux générations actuelles et futures », a indiqué le CNULCD dans un communiqué. Et d’ajouter : « les actions de la COP15 viseront à renforcer les politiques, la science, le renforcement des capacités et la mise en œuvre pratique de la Convention, notamment en travaillant avec de nouveaux partenaires, tels que les jeunes et le secteur privé, et en développant des mécanismes nouveaux et innovants pour mobiliser les ressources nécessaires ».
Notons que le thème de cette nouvelle conférence est « La terre. La vie. L’Héritage : de la pénurie à la prospérité ».
Moutiou Adjibi Nourou
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »