(Agence Ecofin) - Les multinationales basées en Suisse échappent de peu à une initiative visant à les soumettre à des obligations plus strictes en matière de droits de l’homme et de respect de l’environnement. Une mauvaise nouvelle pour leurs «présumées» victimes, notamment en RDC, au Nigéria ou encore en Namibie.
Nestlé, Glencore, Vale et plusieurs autres compagnies basées en Suisse ne seront finalement pas obligées de rendre des comptes à la justice helvétique sur les opérations de leurs partenaires commerciaux et fournisseurs à l’étranger. L’initiative pour les « multinationales responsables », qui visait notamment les atteintes à l’environnement et les violations de droits humains, n’a en effet pas reçu le soutien nécessaire dans les urnes lors du référendum du 29 novembre.
Si les Suisses ont donné leur approbation à 50,7% pour la mise en œuvre de la mesure, l’approbation des cantons, également nécessaire en Suisse pour une décision de cette importance, n’a pas été obtenue. En effet 14 d’entre eux, sur les 26 que compte le pays, ont voté contre.
Une mauvaise nouvelle pour leurs «victimes» en Afrique
Le rejet de l’Initiative sur les multinationales responsables, essentiellement par la partie germanique de la Suisse, peut être vu comme une mauvaise nouvelle pour les détracteurs des compagnies, notamment sur le continent africain où des millions de personnes se plaignent d’abus et de violations des droits de l’homme. Au nombre des sociétés qui auraient été concernées par cette mesure, figure le géant des matières premières Glencore. Grâce à la réforme, la compagnie aurait pu en effet répondre de cas de violations des droits humains en RDC. Elle y est régulièrement accusée de profiter du fruit du travail des enfants dans les mines de cuivre et de cobalt. Les accusations portent aussi, selon les ONG, sur la responsabilité du groupe dans la pollution environnementale, comme cette digue qui s’est rompue en 2018 sur un site minier de sa filiale Kamoto Copper Company, contaminant les champs de centaines de familles.
Par ailleurs, les autres multinationales mises en cause par les partisans du « oui » sont LafargeHolcim, dont les opérations entrainent divers problèmes de santé pour les villageois d’Ewekoro au Nigéria, ou encore IXM qui provoque un empoisonnement à l’arsenic à cause de ses activités de traitement de cuivre en Namibie.
Un maigre lot de consolation
Si une contre-proposition doit prochainement être mise en œuvre par le gouvernement fédéral suisse, il s’agit d’une maigre consolation pour les millions de personnes dans le monde qui comptaient sur l’initiative. Ce projet soutenu par le patronat suisse exige seulement un compte rendu pour les activités des compagnies suisses elles-mêmes et n’a ni le caractère contraignant ni la menace de procès qu’impliquait la proposition de base. La production de rapports annuels sur la responsabilité sociale des entreprises n’a en effet démontré jusque-là aucune preuve d’efficacité. Les amendes évoquées sont également bien modestes par rapport au chiffre d’affaires annuel des multinationales.
Emiliano Tossou
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